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Joe Chip Joe Chip 22 août 2017 20:23

@Gollum

Nietzsche, c’est très bien pour s’ouvrir l’horizon et remettre en cause des savoirs préconçus. En revanche, analyser l’histoire ou la société d’un point de vue nietzschéen conduit souvent à des aberrations et à des formules un peu péremptoires. Nietzsche est un physiologue, un psychologue, pas un penseur à système. Raison pour laquelle sa pensée a été récupérée et dénaturée par des nazis, des gauchistes, et j’en passe. 

Je ne suis pas contre seulement les religions de masse d’ailleurs. Je suis contre tout ce qui est de masse. La consommation de masse, la culture de masse, le tourisme de masse, et que sais-je encore..

Voilà, ça illustre un peu ce que je disais. Moi, je ne vois pas trop l’intérêt de juger ces phénomènes d’un point de vue esthétique. Tu veux faire quoi de "la masse" ? 

j’ai juste dit que cela était une excuse pratique pour des gens ayant une peur panique de la chair, peur panique entretenue par le manichéisme inhérent au catholicisme

C’est propre au catholicisme ? Le protestantisme est encore plus versé dans la censure des pulsions sexuelles au profit de la procréation "utilitaire". En outre, ce n’est pas la peur qui ronge le chrétien (ce serait plutôt valable pour le musulman) mais plutôt la culpabilité du fait de l’assimilation du sexe au pêché originel. La culpabilité, c’est ambigu.... 

l’idée que l’homme a été créé par Dieu pour jouir de la vie terrestre (et se répandre sur terre)

Là je crois que vous vous trompez. J’ai cité récemment Jean Delumeau qui montre bien que l’homme catholique n’a pas pour but de jouir de la vie terrestre. Celle-ci est considérée comme une vallée de larmes. Seule la vie paradisiaque future vaut réellement la peine d’être vécue.

Le christianisme reste une théologie de l’incarnation, on boit le sang du Christ, on mange sa chair. Historiquement, la thématique du péché originel provient précisément des milieux manichéens et gnostiques qui rejettent toute incarnation du Christ. L’extase mystique féminine que l’on retrouve si fréquemment traduite dans l’iconographie chrétienne a des connotations sexuelles évidentes. La sensualité, les corps dénudés sont partout. Je crois que vous faites une confusion entre le manichéisme (qui n’a rien à voir avec le christianisme) et le dualisme chrétien, qui repose par définition sur une tension entre deux aspirations à la fois contradictoires et complémentaires : une aspiration à la vie angélique et à la sainteté contredite et équilibrée par une volonté d’assumer l’incarnation de l’Homme, à l’image du Christ fait de chair et de sang. Cet état de tension est propre au dualisme chrétien. 

Le protestantisme par contre serait plus dans cette optique d’une jouissance de la vie terrestre. Il rejoint par là le judaïsme qui a quelque peu cette optique aussi. 

Oui, vous faites sans doute référence à Calvin, aux puritains, et encore à l’heure actuelle aux anneaux de chasteté portés dans certains milieux évangéliques... si le protestantisme accorde une plus grande importance à la vie concrète, ce n’est pas sur le mode de la jouissance mais au contraire de l’ascèse, qui est fondamentale dans le protestantisme. Comme je l’ai dit, le protestantisme met encore davantage l’accent sur la vie familiale et renforce donc l’éthique du mariage, c’est à dire de la sexualité soumise à l’impératif de la procréation : si vous critiquez le catholicisme sur ce point, il est un peu hypocrite d’exonérer les protestants en vous basant sur de vagues clichés répétée ici et là sur le protestantisme et le judaïsme. Le judaïsme rabbinique est peut-être encore plus réactionnaire en matière de sexualité (et en particulier de la sexualité féminine). 

Euh non.. En ce qui concerne la chasteté ça n’intéresse quasi plus personne. Même les catholiques, les pro-Vatican 2, ne font plus de la chasteté la marque de l’héroïsme chrétien. Ils sont plus dans le partage comme on dit maintenant.

Par contre les névroses sexuelles sont abondantes aujourd’hui mais de nature différentes. La faute au consumérisme. On doit jouir à tout prix et à n’importe quel prix. Si on ne jouit pas c’est qu’on est un has-been, un raté.. Culte de la performance dans l’acte comme si on était en train de faire un footing, perte de romantisme, etc…

Euh... c’est exactement ce que je disais, les idéaux chrétiens ou catholiques ne façonnent plus à l’heure actuelle les représentations de la sexualité ou les attentes par rapport à la sexualité, sauf, peut-être, chez une minorité de pratiquants (et encore...). Les névroses sexuelles sont produites par des "valeurs" ou des normes qui n’ont plus rien à voir avec le christianisme.

On est passé d’une peur de la chair à un amour excessif de cette même chair.
L’Église diabolisait la chair pour assujettir ses ouailles. Le marché rend la chair obligatoire et incontournable pour les mêmes raisons.

Il y a du vrai, même si le renversement est un peu schématique. On pourrait dire qu’il y a eu un déplacement de la culpabilité de la consommation sexuelle vers la non-consommation sexuelle... 




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