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ffi 7 octobre 2017 16:18

@Gollum

Catégoriser les émotions comme en partie positives ou négatives, c’est de la nuance, mais ça ne suffit pas, car ça ne n’en donne pas le sens. En chrétienté, on dira qu’on distingue dans les passions des puissances vicieuses et vertueuses.

Par exemple, il est dit que la colère comporte une part de malveillance. Pour ma part, je ne dirais pas cela. La colère est un état passionnel (plus ou moins intense), ce n’est ni malveillant, ni bienveillant à priori. Elle a deux issues, son origine (sa source) et sa finalité, et un cheminement (son accomplissement). Ces trois composantes peuvent être considéré sous l’angle du Bien et du Mal.

Selon Aristote, se mettre en colère est réagir passionnément pour remédier à une passion de tristesse (laquelle tristesse est consécutive à la perception d’un mal qui nous afflige), comme pour se venger, comme pour punir l’auteur de ce mal. C’est fondamentalement une révolte contre l’injustice.

C’est légitime de se révolter contre l’injustice.

De là plusieurs questions se posent :

1° Ce que je perçois comme un mal qui m’affecte, qui donc m’attriste, est-il véritablement un mal ? En effet, il peut y avoir des raisonnements erronés sur ce point. Certains se mettent en effet en colère sans raisons évidentes. Il peut y avoir une tristesse plus ancienne, dans le passé, qui ne soit pas remédié, mais qui nous ronge, de sorte que la moindre contrariété nous met en colère.

Si Non, après réflexion, il n’y a pas vraiment de mal présent, donc la tristesse s’étiole, donc la colère s’éteint. Il est illégitime de se révolter contre la justice.

Si Oui, cela appelle un autre questionnement :

2° Ai-je les moyens de me révolter contre cette injustice ? Cela m’est-il autorisé par la société ?

Si Non, puisqu’il y a bien un mal présent : je dois utiliser la réaction colérique, mais avec finesse.

2°a) Si la société m’autorise quelque esclandre, et la fuite, je peux partir en claquant la porte, ou, mieux, après m’être comporté de manière inattendue, comme par exemple « tendre l’autre joue »,..etc, auquel cas je serais fier de moi d’avoir paru juste malgré l’injustice. De plus, la rupture dans le comportement aura suffit à signaler ma désapprobation des actes de l’auteur, ce qui pourra m’attacher quelques alliés à terme.

2°b) Si la société ne m’autorise pas d’esclandre, ni la fuite, je dois utiliser ma colère à élaborer une stratégie pour me sortir aussi vite que possible de cette situation. Ma finalité deviendra alors la perspective prochaine de me libérer de ce Mal, ce qui va donc me mettre dans l’état moral d’Espérance.

Si Oui, alors je peux me révolter. Mais quelle est alors la vengeance, la punition à choisir ? Il faut bien évidemment qu’elle soit bénéfique et éducative, c’est-à-dire qu’elle vise à éviter toute récidive.

Ce simple petit exemple était pour montrer que la régulation des humeurs n’implique pas uniquement des méditations, pour prendre conscience de ses propres états, mais encore, d’abord d’une compréhension de leur origine au plan moral, puis ensuite d’une capacité à agir dans la vraie vie, de manière adaptée au contexte, compte tenu des répercussions futures de ces actes, pour y répondre.

En effet, une passion pousse à faire des choix dans l’urgence. Cette urgence est parfois dictée par la réalité elle-même. Si une passion nous fait faire toujours les mauvais choix, dont les fruits dans la réalité auraient alors pour effet en nous-même de produire la même passion, on ne pourrait jamais s’en départir, puisque nous serions alors dans un cercle vicieux.

Donc se poser, d’accord, quand c’est possible, mais de toute façon, ça ne suffit pas.




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