Deux Esprits oppose ?s se disputent l’empire du monde.
Commence ?e dans le ciel, la guerre s’est perpe ?tue ?e sur la terre.
Isai ?e et saint Jean la de ?crivent. Saint Paul nous dit que c’est contre
le de ?mon que nous avons a ? lutter. Notre Seigneur Lui-me ?me annonce
qu’Il n’est venu sur la terre que pour de ?truire le re ?gne du de ?mon.
Nous ne mettons pas aux prises ces deux Esprits, ils y sont ; nous
n’inventons pas le fait, nous le constatons. Comme il est impossible de
connai ?tre la re ?demption sans connai ?tre la chute ; de me ?me, il est
impossible de faire connai ?tre l’Esprit du bien, sans faire connai ?tre
l’Esprit du mal. A peine avons-nous dit l’existence du Saint-Esprit, que
nous sommes oblige ? de parler de Satan, dont la noire figure apparai ?t
comme l’ombre a ? co ?te ? de la lumie ?re.
L’existence
de ces deux Esprits suppose celle d’un monde supe ?rieur au no ?tre, la
division de ce monde en deux camps ennemis, ainsi que son action
permanente, libre et universelle sur le monde infe ?rieur. La re ?alite ?
de ces trois faits e ?tablie, nous constatons la personnalite ? de
l’Esprit mauvais, sa chute, la cause et les conse ?quences de sa chute,
par conse ?quent l’origine historique du mal.
Les
deux Esprits ne sont pas demeure ?s dans des re ?gions inaccessibles a ?
l’homme, e ?trangers a ? ce qui se passe sur la terre. Loin de la ? ;
mai ?tres du monde, ils se re ?ve ?lent comme les fondateurs de deux cite ?s : la Cite ? du bien et la Cite ? du mal.
Cite ?s visibles, palpables, aussi anciennes que l’homme, aussi
e ?tendues que le globe, aussi durables que les sie ?cles, elles
renferment dans leur sein le genre humain tout entier, en dec ?a ? et au
dela ? du tombeau. La connaissance approfondie de ces deux Cite ?s importe
e ?galement a ? l’homme, au chre ?tien, au philosophe, au the ?ologien :
A l’homme, attendu que chaque individu, chaque peuple, chaque e ?poque appartient ne ?cessairement a ? l’une ou a ? l’autre ;
Au
chre ?tien, attendu que l’une est la demeure de la vie et le vestibule
du ciel ; l’autre, la demeure de la mort et, le vestibule de l’enfer ;
Au
philosophe, attendu que la lutte e ?ternelle des deux Cite ?s forme la
trame ge ?ne ?rale de l’histoire, et seule rend compte de ce que le monde a
vu, de ce qu’il voit, de ce qu’il verra jusqu’a ? la fin, de crimes et
de vertus, de prospe ?rite ?s et de revers, de paix et de re ?volutions ;
Au
the ?ologien, attendu que les deux Cite ?s, montrant en action l’Esprit
du bien et l’Esprit du mal, les font mieux connai ?tre que tous les
raisonnements.
Ainsi, les deux Cite ?s sont l’objet d’une e ?tude dont l’importance, peut-e ?tre la nouveaute ?, feront pardonner la longueur.
La
formation, l’organisation, le gouvernement, le but de la Cite ? du bien ;
son roi, le Saint-Esprit, re ?ve ?le ? par les noms qu’Il porte dans les
Livres saints ; ses princes, les bons anges ; leur nature, leurs
qualite ?s, leurs hie ?rarchies, leurs ordres, leurs fonctions, la raison
des uns et des autres : autant de sujets d’investigations
particulie ?res.
Elles
sont suivies d’un travail analogue sur la Cite ? du mal. Nous faisons
connai ?tre sa formation, son gouvernement, son but ; son roi, Satan,
re ?ve ?le ? par ses noms bibliques ; ses princes, les de ?mons ; leurs
qualite ?s, leurs hie ?rarchies, leur habitation, leur action sur l’homme
et sur les cre ?atures.
Toute cite ? se divise en deux classes : les gouvernants et les gouverne ?s.
Apre ?s les princes viennent les citoyens de deux cite ?s : les hommes.
Nous montrons leur existence place ?e entre deux arme ?es ennemies qui se
la disputent, ainsi que les remparts dont le Saint-Esprit environne la
Cite ? du bien, pour empe ?cher l’homme d’en sortir ou le de ?mon d’y
pe ?ne ?trer.
Connai ?tre
les deux Cite ?s en elles-me ?mes et dans leur existence me ?taphysique,
ne suffit pas a ? nos besoins : il faut les voir en action. De la ?,
l’histoire religieuse, sociale, politique et contemporaine de l’une et
de l’autre. Ce tableau embrasse, dans ses causes intimes, toute l’histoire de l’humanite ? : nous n’avons pu que l’e ?baucher. Ne ?anmoins, notre esquisse met en relief le point capital, c’est-a ?-dire le paralle ?lisme effrayant qui existe entre la Cite ? du bien et la Cite ? du mal, entre l’œuvre divine pour sauver l’homme, et l’œuvre satanique pour le perdre.
Exposer ce paralle ?lisme non seulement dans son ensemble, mais encore
dans ses principaux traits, nous a semble ? le meilleur moyen de
de ?masquer l’Esprit de te ?ne ?bres et de faire sentir vivement au monde
actuel, incre ?dule ou le ?ger, la pre ?sence permanente et l’action
multiforme de son plus redoutable ennemi.
De la ? re ?sulte, e ?vidente comme la lumie ?re, l’obligation perpe ?tuelle et perpe ?tuellement impe ?rieuse ou ? nous sommes tous, peuples et individus, de nous tenir sur nos gardes, et, sous peine de mort, de rester ou de nous replacer sous l’empire du Saint-Esprit.
Source : "Le Traité du Saint-Esprit, Vol 1" - Mgr Gaume