(Je
m’exprime sur les propos qui sont tenus dans cette vidéo et non sur les
personnes qui les expriment, je ne m’intéresserais donc pas à leurs postures
politiciennes ou au fait qu’elles soient sincères ou non, ce qui m’intéresse
dans ce débat c’est le contenu des propos qui sont tenus et non les partis
auxquels ces individus appartiennent)
J’ai vu l’ensemble du débat, il est intéressant mais j’ai
été surpris par la qualité de certains contre arguments de Besancenot,
j’avais oublié qu’il était d’un tout autre calibre que Philippe Poutou sur le
plan intellectuel.
Je me
rappelle avoir discuté ici à l’époque avec micnet sur la défense de Marx du
libre échange (il termine son texte par « je vote en faveur du libre échange »), ma position était exactement
celle de Ruffin ici, Marx ironiquement faisait la promotion de la politique du pire,
considérant que le libre échange était tellement destructeur qu’il créerait de
lui-même les conditions de la révolution.
Concernant
le propos de Ruffin, il navigue entre protectionnisme européen et national. Le
protectionnisme européen n’a de sens que dans les domaines ou il y’a un écart de compétitivité entre la zone euro
et d’autres zones du monde. Seulement, il y’a également des écarts de
compétitivité au sein de la zone euro et dans ce cas de figure, le fameux
protectionnisme européen n’a aucun sens.
On va
répondre « ben alors, c’est simple : protectionnisme national au
sein de la zone euro en cas d’écart de compétitivité interne et protectionnisme
européen en cas d’écart de compétitivité externe ». Ca c’est un rêve car
les institutions européennes ne permettent pas de mettre en place des
mécanismes protectionnismes au sein de l’UE.
Et c’est
alors qu’on sort l’argument « ok dans ce cas l’euro va s’homogénéiser économiquement
la zone et les protectionnismes nationaux ne seront plus nécessaires ».
Sauf que dans la réalité, la zone euro n’est pas une zone monétaire optimale
que l’euro ne fait pas converger les économies, il les fait au contraire
diverger, la zone est encore plus hétérogène qu’à ses débuts.
Et là vient
l’argument massue qui est censé clore le débat « d’accord mais dans ce
cas on va réussir à homogénéiser la zone en faisant un saut décisif vers le
fédéralisme ». Excellente idée… sauf que ça veut dire que l’Allemagne sera
dans l’obligation de redistribuer à d’autres pays de l’UE jusqu’à 8 % de son PIB par an (si on est optimiste car
certains calculs mentionnent plus de 12 %). Il faudrait aller discuter avec le
patronat allemand pour qu’il dise un peu ce qu’il en pense.
Soyons
sérieux, la zone euro est une zone de guerre économique et toute cette histoire
de protectionnisme européen n’a aucun sens
, ceux qui persistent sur cette voie sont condamnés soit à se plaindre
éternellement du manque de solidarité européenne , soit à finir germanophobe (
et pourtant l’ Allemagne ne fait que défendre ses intérêts de Puissance , ce
qui est tout à fait légitime ) , Ruffin lui-même affirme que pour
que le politique reprenne du poids sur l’économique, il faut que l’espace
économique au sein duquel on prend les décisions soit cohérent avec l’espace
politique qui les prend. Et bien l’UE n’est un espace cohérent ni sur le plan
économique, ni sur le plan politique. Si la finalité est de préserver ce qu’il
reste encore d’industrie française avec les ouvriers qui y travaillent et
d’impulser une politique de ré -industrialisation, il faut être conséquent et
se limiter à parler de protectionnisme national, et cela revient à envisager de
quitter l’UE et l’euro.