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maQiavel maQiavel 16 octobre 2017 10:48

Quant au propos de Besancenot, il fait fit de la notion de Puissance, ce qui peut permettre de se limiter à une sphère idéaliste en se proclamant anticapitaliste sans se soucier des conséquences que pourraient avoir une politique authentiquement anticapitaliste. La question n’est pas tant de savoir si le capitalisme est bon ou mauvais (néanmoins, si on me posait la question, je dirai sans hésiter que c’est une sacré saloperie) mais de savoir si une communauté politique anticapitaliste aurait la puissance nécessaire pour ne pas se faire bouffer par des concurrents capitalistes. La réponse est « non ». La question de l’anticapitalisme est donc close puisque pour qu’une communauté survive, elle doit être organisée autour d’un Etat Puissant économiquement et par conséquent capitaliste.

Et c’est là tout le problème de ce mode de raisonnement, il intègre très bien les rapports de force entre les dominants et les dominés au sein d’une même communauté politique (qui sont indéniables) mais se retrouve dans l’incapacité de penser de façon cohérente les rapports de force entre des communautés politiques entre elles à cause d’une sorte d’idéalisme internationaliste. Un internationalisme cohérent et réaliste se doit de prendre en compte ce paramètre extrêmement important qui pose les bases des coopérations internationales et les fondations du développement des stratégies d’accumulations de puissance.

Pour ce qui est du protectionnisme, Besancenot établit la différence entre une puissance en situation de domination et une puissance dominée, on comprend que selon lui le protectionnisme est une option légitime pour une puissance dominée mais pas pour la puissance dominante (là tout d’un coup il se souvient des rapports de force entre communautés politiques mais pour dire que les autres , les faibles , ont le droit d’avoir une stratégie de développement de puissance mais pas les siens qui sont forts , on retrouve en filigrane cette idéologie sans frontiériste de haine des siens et d’amour des autres ).

Evidemment, le protectionnisme est un puissant facteur de développement et contrairement à ce que laissent croire certains mythes, le libre échange n’a pas d’impact conséquent sur le développement. À l’exception de Singapour, aucun pays moderne ne s’est développé en dehors de l’action intentionnelle d’un Etat stratège qui va établir des droits de douanes élevés. C’est d’ailleurs ce qui manque aux pays d’Europe de l’est, de façon générale, ils ont vu leur situation industrielle régresser depuis la transition post soviétique et leur entrée dans l’UE, ce qui explique en partie les flux migratoires en provenance de ces pays.

Mais ce que Besancenot omet dans cet extrait, c’est que même pour un pays déjà développé, le libre échange pose problème car il met en concurrence des pays dont les normes sociales sont très différentes et entraine mécaniquement un alignement des acquis sociaux vers le moins disant social.

Alors c’est facile de dire qu’il existe d’autres alternatives que le libre échange ou le protectionnisme mais lesquelles ? Il dit également que les périmètres ne sont pas préétablit par les champs institutionnels. Certes, on peut toujours créer de nouveaux périmètres. Mais ceux qui sont effectifs, ici et maintenant, c’est le périmètre européen (et nous avons vu qu’il n’a aucun avenir car incohérent tant politiquement qu’économiquement) et national. Ce sont des périmètres qui ont été construit par de longs processus qui ont pris des décennies (pour une UE qui ne fonctionne pas), voir des siècles ( pour la nation). Même si on pense qu’il faut créer de nouveaux périmètres (en combien de temps ? Qu’est ce qu’on fait en attendant qu’ils soient opérationnels ? ), il faut avant tout s’appuyer sur ceux qui existent. Quant aux régions et aux échelles locales, elles sont trop faibles pour faire face à la mondialisation. Au regard de tout cela, on ne peut pas faire l’impasse sur l’échelle nationale, une politique localiste tel que le prône Besancenot ne pourrait être viable que si des institutions nationales le permettent par application d’un principe de subsidiarité.

Je suis d’accord avec le fait que la plus petite échelle est celle qui permet la meilleure manifestation de la démocratie mais elle est aussi celle dans laquelle la puissance est la plus faible, sans puissance pas de pouvoir, une démocratie sans pouvoir (le démos sans le Kratos), ce n’est plus de la démocratie. C’est l’échelle nationale qui a suffisamment de Puissance pour garantir l’existence de démocraties locales, simple question de réalisme.

La discussion est intéressante sur le plan théorique, mais sur le plan pratique elle restera vide tant que les questions de l’euro et de l’impératif de l’échelon national pour se constituer seront laissées de coté. 




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