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Semi Kebab 19 octobre 2017 20:18

@Joe Chip
Commentaire exceptionnel, chapeau, dommage que je n’aie que peu de temps ces jours ci pour participer à ce débat qui m’intéresse fortement alors que du temps pour dire des conneries, j’en ai assez d’habitude. Sans jugement de valeur aucun pour aucun d’entre nous, il est criant de vérité, ça m’interpelle, et ça me rappelle une des répliques dans fight club : 

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"On est les enfants oubliés de l’histoire mes amis. On n’a pas de but ni de vraie place. On n’a pas de grande guerre, pas de grande dépression. Notre grande guerre est spirituelle, notre grande dépression c’est nos vies."

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Le narcissisme est ce un défaut ou une tare dans un monde qui favorise les plus narcisses d’entre nous ? Met en avant les imposteurs, les plus égocentriques, les psychopathes qui deviennent chefs d’entreprise ou politiques de haut niveau ? Beaucoup d’appelés, peu d’élus, le narcissisme négatif (je suis une merde parmi les merdes) est il égal à je suis le meilleur, le plus beau, le plus puissant etc... ? ça se vaut au niveau de l’égo, certes, mais au niveau des conséquences sur autrui c’est pas la même limonade ou disons impacte peut être plus ou moins de monde, un narcissique négatif ne fera essentiellement du tort qu’à lui même et son entourage, un narcissique positif en fera à ceux qu’il pourra écraser de sa position dominante, à ceux et celles qui tomberont sous son charme de pervers narcissique, c’est le cas pour tous ceux qui ont l’arrogance inouïe de croire qu’ils peuvent guider les autres, ceux qui agissent avant de réfléchir, ceux qui foncent peu importe les dommages collatéraux, pourvu que leurs intérêts et leurs buts fixés soient atteints. 

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Mais je ne pense pas que la responsabilité incombe complètement à l’ère de l’enfant roi, c’est surtout une crise du sens au sens général du terme qui fait qu’il y aie tant de confusion, oui, la société laisse penser que chacun a sa chance dans ce monde marchand, il n’y a rien de plus faux, oui les tendances progressistes veulent faire plier le réel à leurs fantasmes égalitaristes intégristes, oui il y a une volonté de la pensée dominante d’aller encore plus loin dans la négation de l’ordre naturel, oui il y a une totale confusion dans une humanité qui préfère vivre nombreuse et malheureuse plutôt que restreinte et sereine, oui il y a une folie globalisée pour le toujours plus loin, toujours plus haut, c’est paradoxal mais c’est pour le bien d’une partie de la population et pour le malheur de l’autre, le bonheur des uns fait le malheur des autres, dans cet ordre d’idée, alors oui nos logiciels obsolètes sont mis à rude épreuve, oui nous avons du mal à nous adapter à une évolution rapide des moeurs, des coutumes, des frontières, des découvertes technologiques, la révolution numérique fera beaucoup plus de victimes que l’industrielle, j’en tiens le pari, mais et l’individu dans ce bordel ? Il devient quoi ?

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Un naufragé de l’espérance, son futur qu’il aurait pensé meilleur, toujours meilleur, devient plus sombre que son passé, c’est à l’opposé de ce que l’on nous avait fait miroiter dans les années 60-70-80, l’inertie des 30 glorieuses, avant le début de la fin de la parenthèse enchantée, et nous sommes les produits de ce désenchantement, brutal, cruel, sordide, nous sommes sortis de la matrice qu’on nous avait promise, par le retour éternel du concret, et chacun de nous doit vivre, voire survivre dans un environnement de plus en plus anxiogène, car la connaissance = souffrance, la plupart du temps, la magie de l’enfance une fois disparue, ne permet plus de s^émerveiller pour un petit rien, à moins de travailler là dessus, mais depuis le temps que j’essaie, je ne sais pas si je suis une brêle, mais ça ne marche pas longtemps et pourtant je joui d’un environnement plus campagnard qu’urbain, je n’ose imaginer comment doivent vivre les citadins mais à leur place, je me serais flingué depuis un bail.

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il accorde en réalité une très grande valeur à la "différence" qu’il voit ou croit interpréter chez lui, à l’expérience subjective de cette singularité.

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Je ne me permettrai pas de psychanalyser Heimskringla sur la base de ses commentaires mais je comprends ce que tu veux dire Joe Chip, il m’est arrivé plus souvent qu’à mon tour, de ne pas vouloir ressembler aux autres, cultiver mes différences pour m’extraire du conformisme en quelque sorte, devenir original, marginal, sortir du moule, sortir du rang, je pense que ce n’est pas un mal en soi, il devient malsain quand on en abuse, c’est comme pour tout le reste, d’ailleurs, question de dosage, dans ce cas nous sommes tous à nous complaire dans nos trivialités respectives, il suffit de se dire que nous ne sommes que des paramètres de l’humanité pour y remédier et retrouver un semblant d’humilité à ce niveau là, c’est ce que j’essaie de faire personnellement, même si ça me plaît toujours de me dire que je ne suis pas comme tous ces moutons qui suivent un mouvement ou une tendance, ça me plaît de penser que je taille seul ma route, même si je sais que cette route a été, est, sera empruntée par un nombre incalculable d’autres paramètres de l’humanité avant moi, en même temps que moi et après moi.

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Si je ne vaux pas mieux, au moins je suis autre.

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C’est vrai, ça rassure, et ça permet de se connaître, ça permet bien des choses, ça isole aussi, souvent, c’est vrai, mais peut on être blâmés pour tenter de prendre du recul en se fermant sur soi plutôt que de s’ouvrir aux autres dans une société comme la nôtre ? Je ne voudrais pas citer Krishnamurti, cela me fait l’effet de ces pouffes qui découvrent Polo Couenno et se prennent pour des chamans accomplies après sur facebook, mais cela me semble approprié : Ce n’est pas un signe de bonne santé mentale d’être bien adapté à une société malade.

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Si je prends mon exemple personnel, il m’est arrivé de m’autodétester assez pour ne plus supporter les gens qui me ressemblaient trop, parce que j’avais du mal déjà à me supporter alors si en plus, je devais fréquenter d’autres "moi", merci bien, alors j’ai frisé la misanthropie absolue avant de revenir à des sentiments moins amers, envers moi et les autres, mais je pense avoir fait un pas dans la direction de ton excellent paragraphe :


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Retirer sa souffrance à cet individu moderne, torturé par lui-même et masochiste, serait lui retirer sa raison de vivre. En s’accordant avec la vie et avec le monde, il se sentirait peut-être libéré ou en tout cas un peu réconcilié avec lui-même, mais cela lui demanderait de renoncer à une certaine forme d’orgueil (pas au sens de vantardise) et de grandiloquence qui lui permet de supporter le prosaïsme de la vie quotidienne. C’est le long apprentissage de l’humilité au sens philosophique du terme... le fait d’accorder son existence à la grande trame du monde en intégrant consciemment le caractère à la fois tragique et futile de nos petites histoires personnelles, de nos entreprises ou de nos échecs.

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Rien à ajouter là dessus, mais encore une fois, peut on blâmer l’individu qui se perd sur cette route, sur ce chemin ? Je ne pense pas, si nous vivions dans un monde cohérent avec lui même (au sens humain j’entends) pas dominé par le mensonge, les fourberies et l’argent, oui ce serait incompréhensible que tant de gens fuient ainsi les réalités modernes, mais franchement, qui n’est pas impacté par les contradictions humaines depuis la nuit des temps ? A part certains ermites, sages, inconscients ou trisomiques ? Qui ? On dirait que Marc Aurèle en avait déjà conscience, est ce bon signe de se dire que l’humanité tourne en rond au moins depuis Platon ?

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Pas certain que ça soit rassurant...




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