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Semi Kebab 22 octobre 2017 04:40

Con-Fesse-Sion
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Je pense que le meilleur exemple pour illustrer cet éternel débat, pour le symboliser et l’incarner dans le contexte actuel, du rapport hommes/femmes de notre époque, c’est Bertrand Cantat.
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Et oui, loin de moi la volonté de juger le parangon de gauchiassitude qu’était le chanteur de noir désir qui lançait à la gueule du patron d’univers sale : "Nous habitons sur la même planète mais nous ne sommes certainement pas du même monde, c’était avant qu’il tue Marie Trintignant un soir de beuverie sous LSD à Vilnius et que sa propre femme se pende, deux morts féminines sur la conscience, ça vous entache le meilleur cv d’homme de gôôôôôôche qui soit, même 14 ans après les faits.
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Pourquoi ? Car dans un autre registre, disons, plus confidentiel, j’ai été un Bertrand Cantat, ou disons, j’aurai pu l’être, et oui, j’ai moi aussi battu une femme, il y a longtemps.
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Vous savez, j’ai été presque veuf à 25 ans, pourquoi presque ? Parce que je n’étais pas marié. Pourquoi est elle morte ? Suicide. Pourquoi s’est elle suicidée... C’est compliqué.
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Le fait est qu’elle a été une femme-enfant battue par son père, depuis son plus jeune âge, sa mère, atteinte d’un cancer en phase terminale s’est vue rouée de coup, à l’hôpital, devant les yeux de sa fille, par son mari, un des jeux que son géniteur adorait, c’était de lancer les clés de voiture, depuis le balcon de la ferme, dans la neige, et de les faire chercher par sa fille et sa femme en robes de chambre, pieds nus, par pur sadisme.
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Rien ne présageait de tout cela quand je l’ai rencontrée avant d’être séduit par ce petit bout de femme qui avait l’air d’avoir vécu plus de mille vies de plus que moi, c’est quand on a habité ensemble que je vis l’envers du décor, derrière la façade mielleuse d’une relation amoureuse emprunte d’une naïveté romantique tout droit sortie des plus beau romans d’amour doublé de l’ingénuité que donne la jeunesse innocente.
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Anorexique et boulimique, ma dulcinée par son parcours insoupçonné par le niais que j’étais, cachait bien d’autres, disons défauts de fabrication, avec le recul, il ne pouvait en être autrement, c’étaient juste les stigmates de son passé torturé, les conséquences des actes de son père tendance barbe bleue qui ressurgissaient, son mal être elle le portait sur elle, en elle, et se déportait sur moi et notre relation, d’abord fusionnelle, puis plus que très conflictuelle, malgré tout l’amour que je lui portait, elle ne pouvait s’empêcher de renouveler son rapport affectif d’avec son géniteur, à savoir être dans le rapport de force permanent. Et la recherche des coups.
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Oui, des coups si familiers pour elle.
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J’ai résisté longtemps, avant de lui retourner sa première baffe, car elle me battait, oui, elle me battait.
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Jamais je n’ai versé le premier sang, jamais, mais chacun a ses limites et je ne suis rien de moins ni de plus qu’un humain lambda. Un jour, je lui ai rendu, ses coups, à bout de force, morale, physique, nerveuse, je lui ai filé une trempe homérique. Cela s’est passé il y a plus de 20 ans maintenant, pourtant, les bruits de mes coups résonnent encore dans ma tête, je la revois encore, sur le sol, encaisser mes coups de pompe, je me revois, encore maintenant, une main sur une branche du figuier devant la ferme, pour prendre appuis, lui botter le cul avec mes santiags. J’entends encore ses cris, ses pleurs, ses suppliques pour que ça s’arrête... Ce n’est que la chance de ne pas avoir touché d’organe vital que je ne suis pas un Bertrand Cantat aujourd’hui.
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Et pourtant, son suicide peu de temps après ce pétage de plomb car elle avait épuisé toute ma patience de mâle blanc cisgenre hétéro privilégié issu du patriarcat le plus machiste, fait de moi que je ne vaut pas plus que Cantat, ni moins.
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Sauf que lui veut renouer avec son image publique et moi, je me suis enfoncé dans l’anonymat le plus subtil, jusqu’à me faire oublier des gens que je fréquentais jadis, de mes anciens amis, de ma famille même, j’ai disparu, sans laisser d’adresse ou presque, pour absorber toute la mélancolie, la souffrance, l’abîme sentimental que cette relation courte mais intense avec une femme dont le pire ennemi était son père, mais avant tout son auto-détestation qui faisait de notre vie de couple un enfer, avait engendré.
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Oui j’ai été un monstre. Le remord, la culpabilité, la honte, les images sanglantes qui me hantent encore aujourd’hui, chaque baffe que je lui ai données est une épine dans ma couronne de pénitence, mais à ma décharge, c’était après qu’elle me menaçait avec des couteaux de cuisine après m’avoir balancé toute la batterie de casseroles à la gueule, les bouteilles de vins, de sirop, de condiment, de ketchup, les pots de moutarde, de miel, de confiture, bref, tout ce qui lui passait sous la main car cette violence, lui était familière depuis petite, à cause d’un père alcoolique et caractériel qui a même trouvé le moyen de se battre avec un autre membre de sa famille le jour de l’enterrement de sa fille pour une histoire d’argent.
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C’est lui que j’aurai dû rouer de coups. Plutôt que sa progéniture.
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Seulement, lui, je ne l’avais pas sous la main, le jour où j’ai pété les plombs. Je le regrette encore aujourd’hui. Il est mort de sa belle mort, d’alcoolique, le bourreau est allé rejoindre ses victimes dans l’après vie ou le néant...
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Alors ces débats de savoir qui est le plus violent entre l’homme et la femme, ça m’en touche une sans bouger l’autre car victimes, nous le sommes tous, à un moment ou un autre... Dépend du contexte, des circonstances, des paramètres de nos existences...

 




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