Hassan Nasrallah vu par un libanais qui se dit pourtant adversaire du Hezbollah
L’émotion contenue de Hassan Nasrallah
Je ne retiens, ce
soir, du long discours de Hassan Nasrallah que les dix dernières minutes
où l’homme s’est adressé avec une émotion difficilement contenue aux
combattants dont il a charge et à leurs familles.
Ces dix dernières minutes, profondément humaines, sont suffisantes
pour comprendre le dévouement et la loyauté des combattants et des
partisans du Hezbollah envers leur chef.
https://www.youtube.com/watch?time_continue=2&v=HlbJChAPfAg
Je n’ai vu une telle intimité avec ses troupes et ses gens chez aucun
autre leader libanais. Il est l’un d’eux et il est chacun d’entre eux.
Le lien qui les unit va au delà des convictions idéologiques ou
religieuses. Ou même de l’appartenance à telle ou telle tribu, secte ou
confession.
Ce lien est familial, filial, fraternel. Il est organique. Pour les
uns il est un père, pour les autres un fils ou un frère. Pour tous, il
est la meilleure version d’eux-mêmes.
A l’inverse de la plupart des leaders libanais qui, coupés de leurs
gens et de la réalité, s’imaginent être des demi-dieux et vivent dans
une Olympe faite de palais et de dollars.
Leur relation avec leurs partisans et sympathisants est souvent celle
du prince envers son vassal, méprisante et intéressée. Quand ils ne
parlent pas pour ne rien dire, ils mentent aux bonnes âmes qui les
suivent, et profitent de leur popularité pour satisfaire leurs ambitions
personnelles.
Hassan Nasrallah est à la tête de la plus puissante et plus
structurée formation politique libanaise et d’une branche armée d’une
envergure régionale. C’est un chef autant politique, militaire que
religieux. Sa popularité au sein et en dehors de sa communauté est
immense. Son influence est sans précédent dans l’histoire du Liban.
Quel autre leader libanais tient en haleine les dirigeants, généraux
et médias de plusieurs nations, amies et ennemies, à chacune de ses
adresses publiques ?
Il aurait très facilement pu profiter de ce pouvoir considérable pour
s’enrichir, pour propulser sa famille au rang d’aristocrates et vivre
comme un négus. Qui aurait pu l’arrêter ?
Mais l’homme vit chichement, presque clandestinement, et n’a que
faire des honneurs pompeux des officines du pouvoir et des salons
mondains. Son fils aîné ne lui succédera pas, il est mort au combat
comme un simple soldat.
Les hommes qui se battent sous son commandement, les autres qui
restent à la maison, qui les attendent et trop souvent les pleurent,
savent que le Sayyed se bat, attend et pleure avec eux.
Ma culture et philosophie politique, laïque, anticléricale,
antimilitariste et libertaire, très attachée à la souveraineté sans
concession du Liban et au rejet de toute interférence extérieure dans
les affaires libanaises, fait de moi un adversaire du Hezbollah et de
son affiliation à la Wilayat el Faqih iranienne.
Mais je ne peux, en toute honnêteté, ne pas reconnaître la grande
valeur de l’homme et ne pas respecter son engagement et le lien
profondément humain qu’il a réussi à tisser avec les siens.
Quant aux jeunes combattants qui se sont sacrifiés pour débarrasser
le Liban du fléau takfiriste, je ne peux qu’exprimer ma profonde
gratitude et partager l’émotion contenue de Hassan Nasrallah.
http://claudeelkhal.blogspot.fr/2017/07/lemotion-contenue-de-hassan-nasrallah.html#more