@Heimskringla
"Peu de gens sont capables d’être assez humble pour reconnaître cette évidence"
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Tu as aimé Cioran, tu vas adorer Caraco, qui fut pendant longtemps mon livre de chevet :
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« La charité
n’est qu’une duperie, et ceux qui me l’enseignent sont mes
adversaires, la charité ne sauve pas un monde rempli d’insectes et
qui ne savent que le dévorer, en le souillant de leur ordure. Il ne
faut ni leur prêter assistance, ni mettre fin aux maladies. Nous
entrons dans un avenir barbare et nous devons nous armer de sa
barbarie, pour être à la mesure de sa démesure, nous devons
frapper aujourd’hui ceux qui frapperaient demain, telle est du jeu
la règle, et ceux qui nous implorent nous puniraient bientôt de
l’avoir oubliée »
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« Mon père est en
relation avec des gens qui gagnent magnifiquement leur vie,
entrepreneurs, industriels, négociants, banquiers … Toutes ces
brutes se déclarent satisfaites, cela ne lit jamais ou seulement un
mauvais livre, cela calcule en évitant de réfléchir, cela
travaille et jouit durement, ce sont les forces vives de la nation,
le monde est plein de pareils hommes et beaucoup les envient. Les
voilà pourtant, ceux qui poussent à la catastrophe, plus que les
nihilistes qui s’en vantent ! La malédiction de l’ordre d’à
présent, c’est qu’il ne se maintient qu’à charge de détruire,
ce mystère incroyable n’est qu’à peine décelé, les rares à
l’avoir compris ne persuadent toujours pas les rares qui les
lisent »
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« Entre l’amour
qu’un singe aura pour sa guenon et l’homme du commun pour les
femelles subalternes qu’il féconde, le parallèle est affligeant
et l’on y puisera quelques leçons de modestie : la hideur et
la saleté de la plupart des couples auront beau s’embraser au
soleil des métaphysiques, ils resteront des singes et fussent-ils
transfigurés, la masse de perdition engendrant une masse afin que la
perdition se continue au long des générations sacrifiées
d’avance »
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« Entre l’humanisme
et nous, la mort de plusieurs milliards est la condition requise. Le
chaos où nous descendons est toujours méthodique et l’ordre, à
quoi nous nous haussons, abonde en paradoxes insolubles, nous fuyons
le chaos dans l’ordre et nous l’y retrouvons, mais quand nous
fuyons l’ordre en nous précipitant dans le chaos, cet ordre ne
nous lâche pas, enfin nous cumulons la double servitude »