J’ai quelques difficultés à me prononcer sur un tel sujet,
qui est pour moi encore avant tout source de méditation…
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… l’alternative est
bien de renouer avec le vivant et allier un retour à la nature avec le meilleur
de la technologie me semble un bon deal..
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On est d’accord. Mais c’est esquiver le point qui fâche… À
partir de quand la technologie empiète sur le vivant ? Où est la ligne
rouge ? Quelles sont les conditions pour qu’une « hybridation du
vivant » puisse être considérée comme saine ? On peut répondre
radicalement de deux manières différentes à cela. 1 / C’est naturel : la
technique est naturelle chez l’homme, donc R.A.S. Or, si on en est là, c’est
qu’on doute de ce mode de raisonnement, bien qu’il paraisse vrai dans le fond.
2/ La possibilité qu’il ne puisse pas y avoir de compatibilité, bien que cette
idée puisse paraître obscurantiste. En effet, si l’on y réfléchit bien,
l’essort des techniques et de la technologie — c’est-à-dire des discours
théoriques sur la technique — sont intimement liés à l’essor de la marchandisation
du vivant. C’est l’époque de la naissance de l’économie (où l’on nomme l’oika, la maison propriétarienne…), de l’homme séparé : de lui,
du monde et des siens. Conséquence, là où on avait avant deux sujets (les
traces peuvent être trouvées jusque dans la grammaire ancienne), il y a
maintenant un sujet et un objet. C’est la montée en puissance du matérialisme,
qui se caractérise par le rationalisme et la logique, instaurant donc un
discours qui se veut totalisant et vecteur de vérité, mais dont il faut
reconnaître qu’il est surtout partial et partiel. Bref, le début de la fin.
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La permaculture
devrait être généralisée.
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Ce serait la troisième réponse. Si l’on veut bien entendre
par ce terme un savoir-faire qui a toujours existé, et non qui soit une
production du XXè siècle sorti du cerveau de deux Australiens ou
Américains… L’alliance du biomimétisme
et de la Tradition en somme. C’est là encore problématique, le mot en lui-même
l’est… « Perma-Culture » ou comment faire pour repousser la culture
dans ses derniers retranchements, la rendre « permanente », alors
qu’on veut s’en débarasser…
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Notre conférencier
fait un lien avec la vision religieuse d’antan qui promettait la vraie vie dans
l’au-delà.
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On pense tout de suite au Moyen-Âge, et là c’est remarquable
de voir qu’une telle acception, la conception dont on se fait de la
spiritualité de l’époque, est paradoxale. Le Moyen-Âge est tout à fait unique,
il marque justement un « arrêt » dans l’avancée de l’Âge de fer. Je
cite Wikipédia, le passage est assez significatif :
« Au
Moyen
Âge, la notion de techne est reprise, mais elle n’est pas considérée comme
un savoir noble. Elle s’intéresse au « comment » et est enseignée
dans les écoles d’Abaco. L’autre partie du savoir, l’épistémè,
s’intéresse au « pourquoi ». C’est le savoir « noble ». Il
est enseigné dans les studia humanitatis. »