Le lien entre l’ancien Régime et notre dette est intéressant et mérite qu’on s’y attarde : il me paraît clair que cette répulsion vis-à-vis de la
planche à billets, si elle est récente pour les Allemands, remonte à l’Ancien Régime en France et affecte plus particulièrement les nantis. Le Roi étant de la même classe
sociale que les riches qui lui prêtaient, il ne pouvait pas recourir à
un procédé inflationniste qui aurait trahi sa base.
En
revanche, le recours à la planche à billet par un État démocratique est
la hantise des riches d’aujourd’hui en ce qu’il constitue une redistribution parfois
nécessaire pour éviter précisément de nouveaux désordres liés à de trop
grandes injustices et trop de sacrifices demandés aux populations.
La parade toute récente que les riches ont trouvée pour contourner cette menace
inflationniste a été de déposséder l’État démocratique de la possibilité
de recourir à cette possibilité : avec ce droit de créer eux-mêmes la monnaie, ils possèdent le poison et l’antidote, l’arme et la carapace. Et l’État démocratique est ruiné dans les deux sens du terme : dans son pouvoir régulateur et dans ses caisses.
Les "premiers de cordée" ont la chose et son contraire, les "sherpas "ont la double peine.
Il faut dire et redire que, dans
ce qui permet la plus-value réalisée par les entreprises, il y a
l’utilisation de l’infrastructure dont elles profitent et qu’elles ne
paient pas autrement que par les prélèvements. Imaginez vous une
entreprise dans le désert, devant elle même créer ces infrastructures,
gérer le capital humain qu’elle emploie, de la naissance à la mort.
Faites les comptes !
Le pillage du Trésor public organisé par
les vautours capitalistes est favorisé par les politiques félons qui
empruntent sans compter pour alimenter cette curée obscène et
criminelle. Comble dans l’ordure, cercle vicieux de chez vicieux, ils prennent prétexte de l’endettement
des États qu’ils ont provoqué, pour ruiner toute velléité de protection sociale et de
politique à long terme.
Après avoir pourri la moitié de l’État
par la redistribution à l’envers dénoncée déjà en son temps par Michel Rocard, gabegie qui mène au chaos, ils ont entrepris
d’en jeter la partie saine, à savoir la redistribution porteuse de progrès. Mais
ceux-là n’ont que faire de la France et des Français.