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Joe Chip Joe Chip 1er mars 2018 11:25

Oui, ils vont massacrer le service public mais l’époque où les employés de la SNCF pouvaient utiliser cet argument pour justifier l’exclusivité de leur statut et le statut quo est révolue, car le service est justement trop dégradé aux yeux des usagers qui ne peuvent plus tolérer les "désagréments" autrefois plus ou moins compensés par les avantages (qualité des infrastructures, couverture du territoire, etc.)

Trains supprimés, retards quasi quotidiens, grèves spontanées (jusqu’au foutage de gueule : "troupeau de bovins signalés sur la voie"), dérégulation sauvage des tarifs, saleté, incivilités, insécurité, impossibilité de se garer malgré les agrandissements successifs des parkings (ben oui, on est en France, donc les places théoriquement réservées aux USAGERS sont dans les faits squatées nuit et jour par les habitants du "quartier" qui revendiquent l’utilisation du parking de la gare en toute impunité). 

A titre perso, j’ai vu en 20 ans ma petite gare pimpante se transformer en taudis périurbain. Ils ont même fini par laisser s’installer des bandes qui squattent désormais à quelques dizaines de mètres de l’entrée principale de la gare, résultat on a des incidents et des affrontements réguliers entre "jeunes" du coin et bandes rivales descendues de banlieue parisienne pour en découdre, parfois sous les yeux de la police municipale qui observe ça de loin à la sortie de la gare sans intervenir.

A l’époque, ça coûtait à peine 100 balles pour faire un A/R à Paris en à peine une heure avec 7 ou 8 trains dans la journée. Aujourd’hui on est quasiment arrivé à 50 euros l’A/R en heure de pointe en 1h10 en moyenne avec trois départs dans la journée. 
Les voies devant la gare sont jonchées de déchets, l’entretien n’est plus réalisé quotidiennement dans les franciliens... un jour je suis monté dans une rame dans laquelle il y avait une pellicule de crasse épaisse comme un ongle sur le sol. Signalant le problème à une agent qui déambulait nonchalamment sur le quai, celle-ci me répondit de remplir le "formulaire" laissé à cet usage dans la rame. Evidemment, il n’y avait aucun formulaire dans la rame (juste une boîte vide) et sa seule réaction fut de hausser les épaules avant de reprendre sa déambulation. 
  
Evidemment, c’est typiquement le genre de trucs qu’une société privée ne laisserait pas s’installer. Le sentiment d’insécurité et le manque de propreté sont rédhibitoires en matière de transport publique, en tout cas dans un pays qui se dit encore "développé" et civilisé. Un système serait mis en place pour empêcher le voisinage de squatter les places de parking, les bandes de "jeunes" se livrant à des petits trafics seraient chassées de l’entrée de la gare, l’entretien serait effectué quotidiennement.

Or, la seule solution de la SNCF est de matraquer l’usager réglo par l’augmentation continue des tarifs et de faire du chantage aux subventions (régionales) pour maintenir globalement le niveau des prestations. 

On peut certes spéculer sur le fait que tout cela a été "voulu et organisé" par les méchants libéraux désireux de récupérer le service pour quelques kopecks (un peu sur le modèle de ce qui a été fait pour les autoroutes intégralement financées par le contribuable avant d’être confiées à des opérateurs privés) mais il y a aussi à mon avis une raison plus profonde, de l’ordre du non-dit, qui explique le déclin inexorable du service publique en France et qui est liée à la transformation des mentalités.

Je vais régulièrement en Suisse, ils ont encore de vieilles rames des années 70 en parfait état, ponctuelles (à la minute) et la propreté je n’en parle même pas, tu pourrais manger à même le sol. Pas de désertification rurale, des petites gares bien connectées, des petits commerces partout, etc... et pourtant ils sont beaucoup plus libéraux que nous, donc la faillite du service publique à la française est bien liée à des raisons endogènes dont nous sommes collectivement responsables et non au "système".

Il faut un peuple de citoyens responsables et garants du bien commun pour avoir des services publiques de qualité. Quand tout le monde essaye de tirer la couverture à soi, ne respecte plus rien, fraude et considère que le service publique et assimilé (on pourrait penser aux cantines scolaires par exemple) comme un "dû" de la collectivité (fautive) envers l’individu-consommateur qui pourrait en jouir gratuitement et sans limite, ça ne peut plus marcher et il est alors très facile - trop facile - de pointer du doigt les conséquences (passage à une gestion néolibérale).

Quand on se retrouve presque quotidiennement pris en otage par la SNCF, avec les répercussions que cela peut avoir au travail et sur l’équilibre familial, tout l’aspect politique et idéologique du problème disparaît, ne reste que l’aspect gestionnaire qui est le point d’entrée des réformes néolibérales.



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