@Heptistika
La justice et le bonheur n’ont
pas été étouffées et marginalisé par les anciens, bien sur que non, il n’ ya qu’à
évoquer « La République de Platon » pour s’en rendre compte (et c’est
un anti-platonicien qui le dit). Aristote n’a cessé d’écrire sur ces sujets et
on pourrait continuer longtemps avec les exemples comme ça. Enfin bref, la
raison de l’existence dans le paradigme moderne d’un ordre présent
considéré comme mauvais et d’un sauveur qui l’abolira et instaurera un ordre nouveau
de justice et de bonheur est ailleurs et il trouve ses sources dans le
messianisme.
Tu l’exprime d’ailleurs toi-même très
bien : l’occident a baigné pendant des siècles dans un environnement
idéologique teinté des religions abrahamiques, il n’est pas difficile de comprendre que ces
religions puissent avoir une influence sur les idéologies que cet occident va
produire. Après on peut pinailler : est ce que le prolétaire existe
réellement ? Est-ce que l’aryen est un idéal ? Existe-t-il une
différence manifeste entre croire au messie et croire qu’une catégorie sociale
accomplira un destin qui ressemble à s’y méprendre à celui du messie ? On
peut discuter longtemps mais le fait est que dans toutes les idéologies modernes
on retrouve cette inspiration messianique.
Sinon, une précision : je ne suis pas pour un retour à
un mode de fonctionnement traditionnaliste. Dans les catégories actuelles, je
serais plutôt décrit idéologiquement comme un progressiste.
"la marche du progrès en elle-même implique qu’il
existe d’un coté des aliénés à émanciper et de l’autre des hommes déjà libres
constituant l’avant garde du progrès et travaillant à l’émancipation des
aliénés. " La marche du progrès
peut-être, mais ce n’est pas ce dont on parle. Un sentiment de suprémacie
implique la domination et l’asservissement
------> C’est tout le problème des avant garde :
rien n’est plus facile que de passer de la prétention à émanciper des individus
parce qu’on se considère soi même comme un être supérieur à l’avant-garde du
progrès et qu’on considère ceux qui sont à émanciper comme des aliénés, à la mise
en place d’une domination et d’un asservissement concret. L’exemple le plus caricatural
qu’il soit étant celui des dirigeants bolcheviques qui avaient la prétention de
libérer les classes ouvrières et paysannes russes et qui les ont opprimés et
asservit avec encore plus d’intensité que le régime tsariste. Une classe
dirigeante bolchevique au sein de laquelle les juifs étaient surreprésentés au
passage …
Sinon je
suis d’accord sur ce point : cette conception peut servir de cache sexe
politiquement correct à des conceptions d’inspiration plus religieuses. Mais encore une fois
, on a pas besoin d’être un religieux juif pour avoir cette conception , on
peut s’inspirer de cette pensée pour construire une idéologie tout à fait
areligieuse.
Je crois que c’est à ce niveau que tu bloques , tu établis une distinction trop radicale entre la religion et les idéologies qui ne sont pas religieuses , et ça t’empêche de voir que les idéologies non religieuses peuvent avoir une influence profondément religieuse.