@Belenos
Mais les deux choses ne sont-elles pas
indissolublement liées ? Former une nation n’a pas pour but d’offrir un
spectacle pour les touristes. Il s’agit de constituer un organisme social doté
d’un système immunitaire qui assure son identité et sa résistance à l’invasion,
ce qui correspond au passage de la diversité tribale à l’unité nationale.
------> Tout à fait.
Ca me rappelle
la discussion que nous avions eue sur
les fins et les moyens et l’opposition millénaire entre le point de vue du
guerrier et celle du philosophe. Et vous expliquiez très justement sur le plan
de la philosophie que les moyens d’obtenir un résultat influence forcément
la qualité du résultat, que le résultat ne se libère jamais
totalement du moyen. Et je vous répondais de façon plus politique et guerrière que
ce qui compte avant tout, c’est la survie de la communauté et que si par
crainte de se changer, la communauté n’utiliser les moyens adéquat pour
survivre , elle sera annihilée par l’ennemi
et elle n’aura de toute façon plus lieu de s’inquiéter de ce qu’elle pourrait
devenir.
Dans notre
cas ici présent, la nation constitue le moyen et la fin la résistance aux
puissances étrangères.
Donc oui
vous avez raison, en adoptant un point de vue guerrier, former une nation puissante permet de
constituer un organisme social suffisamment efficace pour résister aux invasions,
je ne peux que vous donner raison, pour celui qui est réaliste et pragmatique
il n’existe pas d’alternative.
Mais si on
essaie de voir les choses d’une perspective plus profonde , quel sera le
résultat de ce processus ? Pour prendre un exemple extrême, si une tribu
amazonienne ou une communauté de pygmées s’organisent bureaucratiquement en Etat,
se mettent à construire des routes, à passer leur vie à échanger des marchandises
et à courir après l’accumulation de valeur marchande, ces entités
communautaires seront-elles encore elles mêmes ? Car il est vrai que le
résultat ne se libère jamais des moyens. A quoi bon s’organiser pour se
défendre si les moyens de défense vous forcent à vous acculturer ? Quelle est la
finalité de l’existence finalement ? Survivre juste pour survivre ? Ou alors est-ce
que la manière de vivre n’est pas plus
importante que la survie elle-même ?
Je n’ai pas de réponses définitives à donner à cette énigme même si j’essaie de rester dans une perspective réaliste et
pragmatique ( il faut donc selon moi s’organiser pour survivre quel qu’en soit le prix ) tout en étant conscient que cette perspective n’est peut être pas la bonne , mais je ne vois pas d’alternatives.
En tous cas,
notre monde ultra -compétitif organisé
autour de lutte pour la domination me fait penser à un asile de fou dans lequel
la seule solution pour survivre est de soi même devenir fou.