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Le fou de T'chou Le fou de T’chou 21 juin 2018 12:01

@le celte

 smiley Je balance trois grosses tartines, et vous en redemandez ? Vous avez été élevé au martinet ? smiley

Pour rester dans le sujet, avant de répondre. Il y a un point de la culture chinoise qui peut paraître bien curieux pour un occidental moderne "cartésien". Tout être vivant est censé pouvoir se transformer en humain au fil de l’évolution. Par être vivant on entend aussi bien les pierres (cf. Le rêve dans le pavillon rouge, par exemple, l’un des quatre plus grands romans chinois, qui raconte l’histoire d’une pierre devenu jeune aristocrate), les végétaux que les animaux. Tout le monde a tendance à oublier les champignons, qui forment un règne à part. Mais là aussi, rien de plus naturel dans la croyance traditionnelle qu’un champignon puisse devenir humain, on a même une désignation spécifique pour cela.

Petite question : les Celtes polythéistes vouaient majoritairement leurs cultes à des dieux, certes légendaires, mais ayant réellement existé, des hommes élevés au rang de Dieu pour être plus précis. Est-ce le cas en Chine ?

Ce que vous décrivez, c’est le culte des ancêtres. Le rôle prépondérant qu’il tient dans la culture chinoise est bien connu, bien qu’il reste encore relativement inconnu (ou à découvrir) pour certains aspects. Le sujet est extrêmement vaste, c’est mission impossible de vous faire un topo honnête en trois ou quatre lignes. Essayons tout de même...

Pour répondre à la question donc, oui. Il faut bien différencier deux branches distinctes du panthéon chinois (et de bien d’autres, sinon tous ?), entre les divinités humaines et les divinités naturelles. En gros, au début de l’histoire en Chine, c’est-à-dire à partir de l’apparition de l’écriture vers 1250 av. J.C. (sic, les connaissances actuelles), on peut déceler à travers ces documents — à contenu oraculaire et sur carapace de tortue ou bovidé — que le culte des ancêtres/ héros du passés donc (anciens rois/reines, ancêtres civilisateurs etc.) prennent progressivement le pas sur les cultes rendues aux divinités naturelles (on vénère aussi les monts, les fleuves, le soleil, le vent, les étoiles, les points cardinaux etc.).

Ce qui se passe — et c’est un processus qui ne se limite pas à la Chine — c’est qu’à partir des environs de l’an 1000 jusqu’au début de notre ère, on anthropomorphise les divinités naturelles. Tout le but du culte des ancêtres c’est de nourrir par des offrandes et sacrifices ses ancêtres défunts, afin que ceux-ci puissent continuer à vivre comme esprit sur Terre, et les aider à plaider la cause des vivants auprès des divinités naturelles, considérées toutes puissantes et difficilement influençable directement... Le culte de ces héros sert donc à légitimer la prise de pouvoir de la Terre par les humains. Ils mènent aussi bien une guerre aux peuplades voisines qu’au monde des esprits.

On pourrait avancer l’hypothèse que ce processus va se transformer (transfigurer ?) ensuite, en Chine et en Europe, avec les cultes des Saints à partir des débuts de notre ère (ils sont mi-humain, mi-naturodivin)...

La question du culte des ancêtres est cependant plus complexe, car on peut être enclin à penser que dans les cultures du néolithique moyen (env. 5000 av. J.C.), ce même culte des héros fondateurs a pu avoir une signification totalement différente selon la culture considérée.

Les phases anciennes et intermédiaires de la culture de Y ?ngsháo indiquent que les morts étaient essentiellement vénérées de manière collective, en contraste par exemple avec les pratiques de la culture de Dàwénk ?u (4300- 2600 av. J.-C.) plus à l’est, située aux alentours du cours inférieur du fleuve Jaune, où le type de sépulture suggère que le culte aux ancêtres était plus individualisé ; au sein d’une communauté où la stratification sociale était aussi plus développée.

La suite de l’histoire, on la connaît smiley

La culture de Dawenkou, plus hiérarchique, et s’appuyant plus sur ses rituels ancestraux individualisés, a disparu. Et la culture suivante, celle de Hongshan a mené cette logique a son paroxysme, avec des temples somptueux, mais a fini par disparaitre dans l’étrange cataclysme de la fin du IIè millénaire avant notre ère.

La culture de Yangshao, plus communautaire, est celle qui s’est révélée la mieux adaptée, et celle-ci a donné naissance au coeur de la civilisation chinoise qu’on connaît aujourd’hui...




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