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PumTchak PumTchak 28 juin 2018 01:32

@Belenos

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Commentaire autrement plus équilibré, qui pose le cadre de réflexion, là où le psylab ne propose qu’une simple loupe. 

On comprend bien l’approche individuelle, avec les fragilités affectives et sociales pouvant libérer des tendances semblables à la paranoïa et le sentiment exacerbé des complots partout. 

Il manque à ces psychiatres le contexte de société qui est le développement des conspirations (en tout cas de leur visibilité). On en a des exemples récents, avec l’affaire Skripal et la question du bombardement chimique de la Douma : on a assisté à des accusations sans preuves qui ont suffi à justifier les retraits de personnels des ambassades et les bombardements. Punir avec des accusations n’est pas pareil que punir avec des preuves. Dans un tel contexte, on ne peut que développer la suspicion et la méfiance devant les informations données. Ce basculement a même été spectaculairement provoqué avec la fiole de Powell qui a pris l’opinion publique à témoin sur un mensonge au coeur de l’instance du droit international. Et pour la petite histoire, les tout premiers des 274 articles du code Hammurabi portent sur l’accusation sans preuve : c’est dire s’il s’agit d’un vieil aspect essentiel à la viabilité d’une société.

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Dans la fabrication du négacomplotisme, je pense qu’il y a l’évolution dans la formation de l’opinion, depuis 30/40 ans. On avait affaire à l’époque à deux modèles antagonistes : le communisme et le capitalisme. Se faire une opinion était, de fait, une activité de choix, de positionnement (avec toutes les gradations possibles, y compris "non aligné" ou "original"). Différentes pensées étaient valables, elles pesaient selon les arguments posés. 

Aujourd’hui, avec un seul modèle restant d’idéologie vers lequel tout converge, en force centripète qui absorbe tout, l’opinion est déjà donnée en soi. Pour la formation d’une opinion, on est passé d’une activité de choix à faire, à une détermination d’attitude "être dedans" (pensée unique) / "être dehors" (dissident, contestataire...). 

Le négacomplotisme prend alors toute sa place : ce n’est plus une affaire d’opinion que l’on se forme avec son exercice critique, mais d’adhésion à la pensée officielle ou de rejet par la pensée suspicieuse.

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Il y a un autre vecteur, ancien, mais qui vient se renforcer avec le négacomplotisme : c’est le scientisme. Attitude qui a tendance à nier ce qui n’est pas démontré par la science, au lieu simplement dire ce qu’elle sait et ce qu’elle ne sait pas. On a parlé d’homéopathie il n’y a pas longtemps. Avec une pensée unique comme seul cadre, la réflexion devient binaire. Le négacomplotiste se laissera aller à penser que cela ne soigne pas (charlatanisme). Par réaction contre le cadre, le pancomplotiste aura envie de penser que cela soigne. L’incertitude n’est plus acceptée, qui permet la liberté de chacun, et qui laisse la disposition à la science une possibilité d’évoluer vers une vision élargie de la santé et de ses stratégies.

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Du côté des pancomplotistes, il y a ce fonctionnement cognitif, hérité de notre vieux rationnalisme qui est de chercher toujours une cause à un effet. Alors qu’un phénomène peut être le résultat de plusieurs raisons différentes qui se sont corrélées. On recherche ainsi l’unique manipulateur. Ou bien le cui bono, qui est une méthode de recherche, devient un système explicatif.




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