@PumTchak
Je vais vous
définir l’état de guerre : l’effet d’une disposition mutuelle, constante
et manifeste de détruire l’Etat ennemi ou de l’affaiblir ou moins par tous les
moyens qu’on peut. Cette disposition réduite en acte est la guerre proprement
dite, tant qu’elle reste sans effet, elle n’est que l’état de guerre ». Lorsque vous parlez de gagner la guerre sans la faire , c’est de cela que vous parlez :
vaincre sans passer par la guerre proprement dites.
La paix dont
vous parlez ne fait pas cesser l’état de guerre, elle est l’occasion pour les
puissances de se raffermir, d’établir des alliances contre des adversaires, de
les subvertir économiquement, politiquement, médiatiquement etc. Là par exemple, les USA sont théoriquement en
paix avec le Venezuela, ce qui ne les empêche pas de livrer à ce pays une subversion
économico-politique d’une grande violence.
La paix est
l’occasion de se positionner favorablement pour les guerres qui ne tarderont
pas à reprendre, c’est ce que nous
enseigne l’histoire longue. Ces périodes de paix sont toujours fragiles et éphémères et elles ne sont de toute façon jamais planétaire.
Dans la
locution de Végèce « Qui veut la paix prépare la guerre », la
paix dont il est question n’est pas une paix perpétuelle. La paix perpétuelle
n’existe pas, elle ne peut pas exister et n’est même pas envisageable. La
paix dont il est question est toujours provisoire, elle est
conditionnée par une préparation militaire qui dissuaderait les adversaires de
tenter une invasion. Il suffirait que l’équilibre des forces se rompe pour
passer de l’état de guerre à la guerre proprement dites. La locution pourrait
être paraphrasée comme suit : pour qui veut la paix, le seul
moyen de l’avoir le plus longuement possible, c’est de parvenir à dissuader les
autres de l’envahir. Mais même là, rien
ne garanti que lui n’envahira pas les autres qui sont moins bien préparés.
Pour ce qui
est de la neutralité, la Suisse est un exemple contemporain qui, lorsqu’on
examine bien n’est jamais vraiment neutre mais soit. Quand on observe sur l’histoire
longue, la neutralité est très problématique politiquement. A l’issue de guerres,
les neutres sont souvent à la merci des gagnants. Les romains par exemple ont
bouffé lentement mais surement tous les neutres qui étaient sur leur passage,
et ces derniers regrettaient toujours amèrement de ne pas avoir combattu contre
eux quand ils étaient en mesure de faire la différence. D’où la prescription
machiavélienne de considérer comme des ennemis potentiels les puissances qui recommandent
de rester neutre dans un conflit, les puissances amies réclament toujours de l’aide
pour combattre à leurs cotés.