Ce qui se
déroule en Turquie est riche d’enseignements.
Certes, il y’a
une guerre économique qui est livrée à la Turquie pour des raisons certainement
géostratégiques : une petite claque des parrains occidentalistes pour réaligner
la Turquie sur les intérêts du bloc américano –occidental et étouffer les velléités
d’autonomie politique de la classe dirigeante turque. Mais au-delà de cette
question conjoncturelle, il y’en a une plus profonde qui est structurelle et
qui relève du choix du modèle de développement de la Turquie.
Les
dirigeants turcs ont fait le choix d’aligner leur pays sur les exigences du
consensus de Washington prônés par l’OCDE, la banque mondiale, le FMI , ce
qui a très bien fonctionné puisque la Turquie a connu une croissance à deux
chiffres assurant au peuple turc un réel développement économique et permettant
à de plus en plus de monde d’accéder à la classe moyenne et de bénéficier de
l’accès à la société de consommation , une réussite qui a éveillé ses rêves de
grandeurs géopolitiques que l’on qualifie de néo- ottomane. Cependant, ce
modèle de développement a crée des déséquilibres structurels que les dirigeants
turques ont tenté de corriger en misant sur l’économie productive et en
diminuant le poids de la sphère financière (en s’appuyant notamment sur les
valeurs de l’islam et leurs rapports à l’usure). Ceux qui pilotent l’État doivent rendre compte aux citoyens et non aux marchés
disait en substance Erdo ?an pour limiter les prérogatives de la banque centrale
et forger la souveraineté monétaire turque dans la roche. Ah bon ? Vous en
êtes certain monsieur Erdo ?an ? Faute grave. Comment réagissent les investisseurs ?
Bah c’est simple : ils se cassent. Et en même temps la livre turque se
casse la gueule, l’économie entre en récession avec toutes les conséquences qu’on
connait. Derrière la rhétorique virile et nationaliste teinté de religiosité, dans
les faits, Erdo ?an et ses collaborateurs reculent et baisent les pieds des marchés pour se
faire pardonner.
Moralité :
lorsqu’un pays a une structuré son modèle de développement sur la dépendance
des investisseurs internationaux et du financement de l’Etat par les marchés,
il ne doit pas faire le malin. Tout ce qu’il peut faire, c’est de se soumettre
aux exigences du marché mondialisé. Il n’y a pas de discussion, c’est comme ça,
les marchés n’ont pas un tropisme très démocratique et le dialogue ne les
intéresse pas.
Un excellent
article sur le sujet.