@Olivier Perriet
Oui le
gouvernement Russe et le gouvernement syrien n’ont pas le même langage, c’est
lié à l’existence deux approches différentes de la guerre en Syrie par ces deux
entités : le régime baasiste tente de gagner la guerre alors que la Russie
essaie de gagner la paix.
Ce ne sont
pas des formules creuses : la priorité de Damas est d’exercer sa
souveraineté sur l’ensemble du territoire syrien, ce qui ne peut se faire que
par la conquête militaire. De l’autre coté, Moscou refuse absolument de s’enliser
dans une guerre coûteuse et perpétuelle surtout dans un contexte économique
défavorable , le piège afghan est encore très présent dans les esprits et les
Russes veulent se tirer de là le plus rapidement possible mais pas n’importe comment :
la Syrie doit devenir la vitrine de la politique étrangère Russe. Pour cela , les Russes misent sur la
diplomatie et les négociations entre les différents acteurs quitte à aboutir
sur des solutions limitant la souveraineté de Damas sur le territoire , la force militaire n’étant qu’un outil
politique au service de cet objectif. Hors, dans une Syrie meurtrie par la guerre,
divisée socialement et confessionnellement, la paix passe par la reconstruction
économique du pays, raison pour laquelle Moscou fait appel aux occidentaux en rappelant
qu’une Syrie reconstruite serait aussi de leurs intérêts ne serait ce que parce
que les conditions seraient favorables au retour au bercail des millions de
réfugiés qui peuvent se lancer à l’assaut de l’Europe si Ankara en décide ainsi.
De son coté, le gouvernement syrien ne tient pas forcément au retour de réfugiés
dont une portion lui est fondamentalement hostile. D’ ou la différence entre les
discours.
En ce qui
concerne la présence des troupes turques, le gouvernement syrien a condamné
officiellement à plusieurs reprises la
violation de la souveraineté de la Syrie, il le fait pour toutes les troupes
régulières qui ne sont pas invités par
lui présentes sur le territoire
national. La Russie fait la même chose, ce qui ne l’empêche pas de coopérer de
façon pragmatique avec ces pays qui violent le droit international, que ce soit
avec les troupes turques ou américaines (zone de désescalade , accord de sécurité aérienne etc. )
, c’est une question de réalisme.
Pour ce qui le
retour de l’est syrien dans le giron de la patrie , je ne vois vraiment pas ce
qu’on peut reprocher à la politique russe , qui est fort habile mais qui est
limitée du fait de l’action déstabilisatrice des us et de leurs alliés ( il n’
y a aucune connotation morale dans le terme « déstabilisation » , de
fait en cherchant à renverser Assad , aussi tyran et dictateur qu’il est selon
eux , les américains et leurs alliés mènent
une action déstabilisatrice
par définition ).