Pour revenir sur le cas du Portugal et les contre arguments
de FA de façon un peu plus exhaustive.
-FA a raison
sur le fait que le Portugal ne se porte pas bien depuis la crise de 2008 et les
politiques austéritaires imposées par la troïka qui ont eu pour conséquence des effets sociaux dévastateurs,
en effet on peut dire que le pays a été vidé de sa substance. Le problème c’est que personne n’a dit que le Portugal
se portait à merveille, il s’agit là d’un sophisme à la Schopenhauer qui
consiste à étendre l’affirmation du
contradicteur de manière artificielle, pour ensuite la contredire dans le cadre
étendu. Ce qui est défendu, c’est que la situation du Portugal s’améliore depuis que la gauche est au pouvoir,
et ce dans le cadre des contraintes imposées par la zone euro. Et il n’y a pas
que le chômage qui baisse, il y’a un retour
de la croissance, une augmentation des exportations, une forte reprise de la consommation,
une augmentation des investissements productifs, des création d’ emplois , soit
des améliorations qu’on ne peut pas expliquer uniquement par l’émigration des portugais
pendant la crise.
-FA explique
que le Portugal ne s’est pas affranchit du diktat de la commission parce qu’il
accepterait ses décisions sur le déficit budgétaire. Là aussi c’est un gros sophisme :
personne n’a dit que le Portugal est totalement et absolument sorti des clous
technocratiques européistes, le gouvernement a toujours proclamé son
attachement à l’UE, à la zone euro et à ses institutions. Donc évidemment que
le Portugal obéit aux injonctions de la commission sur les déficits
budgétaires. Par contre, la stratégie
gouvernementale pour répondre à ces objectifs de rigueur budgétaire est allé à
l’encontre des demandes de la commission et c’est ça qui est mit en
avant.
Ce que
recommande la commission, ce sont des politiques d’austérité inspirée des
réformes de Schröder et les fameuses lois Hartz qui consistent à baisser les
dépenses publiques , les prestations sociales , les pensions de retraite , à privatiser
des infrastructures et des services publics , à baisser les charges des
entreprises et à déplacer la pression fiscale sur les classes moyennes , à assouplir
les droits des salariés etc. , des mesures qui ont été pratiquées par le
gouvernement précédent sans succès. L’actuel
gouvernement a réduit son déficit budgétaire en faisant l’inverse,
c’est-à-dire par une politique de relance : augmentation des retraites ,
des allocations familiales et du salaire minimum, renforcements du droit du
travail et lutte contre le travail précaire, taxe sur les gros chiffres d’affaire et diminution
d’impôts pour les classes moyennes, arrêt des privatisations de services
et d’infrastructures publics, programme de lutte contre la précarité ,
suppression des coupes dans les revenus des fonctionnaires et retour de leur
temps de travail à 35 heures par semaine après avoir été relevé à 40 heures etc
, le tout pour stimuler la consommation en améliorant les salaires et
ainsi remplir les carnets de commande des entreprises, et escompter des
effets positifs pour l’investissement et la productivité.
Donc, ce
gouvernement est effectivement sorti des clous européistes ne serait ce que
dans la stratégie qu’il a mit en œuvre pour réduire son déficit et ce tout en se maintenant dans l’UE et la
zone euro, c’est indéniable.
Personnellement,
je suis pour les politiques de relance et je fais partie des gens comme FA qui
considèrent que ce n’est pas possible dans la zone euro mais l’exemple portugais
interroge. Est ce que l’amélioration de la situation économique du Portugal est
liée à la politique de relance de l’actuel gouvernement ? Ou alors à
un effet tardif des politiques d’austérité du gouvernement précédent ? Ou
peut être à la dévaluation de l’euro entre 2014 et 2017 qui a boosté les exportations
du Portugal et redonné du souffle à une économie étranglée par un euro trop fort
? Serait-ce une combinaison de ces
facteurs ?
Je n’ai pas
les réponses mais il faudrait y répondre sérieusement pour tirer des enseignements
et le discours de FA ici (émigration, le
Portugal va mal, le gouvernement portugais n’est pas sorti des clous européistes)
n’y répond pas, il nous a habitué à mieux, il donne une explication de politicien
qui veut absolument avoir raison.