La Chine
n’est certainement pas libérale, c’est une évidence. Mais est-elle socialiste
pour autant ? Pour répondre à cette
question, il ne faut pas s’arrêter au principe formel tel qu’énoncé dans la
constitution, il ne faut pas non plus s’arrêter aux discours des dirigeants qui
peuvent instrumentaliser le socialisme pour se légitimer, à ce compte là, la
Corée du nord ou la RDC seraient démocratique. Il faut aller aux faits, ce que
tu as très bien fait Yacine.
Mon
objection à ta conclusion est la suivante : une politique socialiste
implique entre autre une réduction
des inégalités sociales. Il est clair que la population chinoise s’est
globalement enrichie au cours des dernières décennies mais les inégalités se
sont creusées : la part des 50 % les plus pauvres dans le revenu
national chinois est passée de 28 % à 15 % entre 1978 et 2015,
alors que celle des 10 % les plus riches passait de 26 % à 41 %.
Entre 1995 et 2015, la part du
patrimoine détenue par les 90 % les plus modestes a chuté en passant de à 59 %
à 33 %, tandis que la part du patrimoine privé détenue par les 10 % les plus riches est
passée de 41 % à 67 %. Les 10 % les plus riches gagnaient plus de 5 fois le revenu des 50 % les
plus modestes en 1978 ; en 2015 présent,
ils gagnaient 13,5 fois le revenu de ces derniers. Certes, l’Etat possède
majoritairement les entreprises mais la part de la propriété publique dans la
richesse nationale est passée de 70 % en 1978 à 30 % en 2015. A ce rythme, la
concentration de la propriété privée sera bientôt plus forte que dans les pays
occidentaux.
Bref, ces
résultats ne peuvent pas découler d’une politique socialiste, quand bien même
on la qualifierait de « socialisme de marché ». Je crois que
c’est plus simple : la Chine n’est ni socialiste, ni libérale, elle a une
économie mixte pilotée par un Etat stratège.