@Qirotatif
Désolé
de ne pas avoir répondu plus tôt mais j’ai manqué de temps libre ces derniers
temps :
Attention
, il y’a une différence entre un avis majoritaire et un consensus. Un avis
majoritaire peut être imposé à ceux qui ont un avis minoritaire et
qui se retrouvent perdant dans le processus décisionnel. Alors que le consensus nécessite
le consentement de toutes les parties qui auront fait des concessions pour pouvoir
dégager une décision commune , il ne nécessite pas forcément l’existence d’un
avis majoritaire mais quand bien même il y’en a un , il ne constitue pas un
frein : la majorité devra aussi faire des concessions pour intégrer les minorités
à la décision.
Je
ne dis pas que le consensus vaut mieux que l’avis majoritaire ou inversement , c’est
au cas par cas , certaines décisions requièrent un consensus ( par exemple dans
les choix constitutionnels , même les royalistes qui sont ultra minoritaires
devraient en principe avoir leur mot à dire et il est même possible que les Républicains
ultra majoritaires leur fasse quelques concessions ) , d’autres pas. Il faut de grands hommes d’Etat
entouré de collaborateurs brillants pour pouvoir faire la distinction entre les
décisions qui relèvent de l’avis majoritaire et celles qui relèvent du consensus
et pour pouvoir impulser le consensus quand il est nécessaire , ce n’est pas facile du tout , il faut beaucoup
de talents.
Dans
la partie de la vidéo à laquelle je fais référence ( troisième vidéo en partant
de la fin de de 25 :15 à 27 :55 ) Clément
Victorovitch dresse le tableau de deux visions :
-La
première confond identité culturelle française et identité politique française
, les deux ne font qu’un , de sorte que pour pouvoir revendiquer une identité
politique française il faut appartenir pleinement et entièrement à une identité
culturelle française immémorielle ancrée dans les racines chrétiennes françaises ,
y compris dans les choix des prénoms ou les choix artistiques.
-La
seconde établit une distinction entre identité culturelle et identité politique
, l’identité politique découle du partage d’un destin commun et du respect des
normes politico-juridiques communes. L’identité culturelle quant à elle , n’est pas statique mais dynamique , elle
évolue et peut être plurielle mais elle
relève surtout de la vie privée et des choix individuels.
Ce
que j’essayais d’expliquer sans prendre parti entre ces deux visions ( même si
à force de discussion , il est facile de déduire à laquelle des deux j’adhère )
, c’est que le tableau est très bien
dressé en quelques phrases mais surtout qu’il était possible de dégager un consensus
entre ces deux visions à priori antagonistes. Pour être plus précis , j’ai l’impression
que c’est ce que Jacques Sapir a réussi à faire en théorie dans son livre « Souveraineté ,
Démocratie , Laïcité ». Mais je me dis qu’en pratique , au regard des
réactions épidermiques des uns et des autres , ça risque de ne pas être
possible.
Sinon
, pour avoir lu mélancolie française ( très bon livre au passage) , je peux
dire qu’EZ a clairement une vision de la France , ce qu’il décrit à longueur de
chronique c’est SA vision de la France ( et non LA France ). Il a une lecture
très idéologique de l’histoire de France qu’il assume parfaitement tout en se réclamant de
« LA réalité » alors qu’on peut en avoir une lecture très différente
( pour avoir écouté l’histoire de France de FA par exemple , il en a lui aussi
une lecture idéologique mais qui est très différente de celle de Zemmour ).
Quand
on dit que le consensus actuel est que la France devrait être achevée sur l’autel
du progrès , je ne peux être d’accord sans précision : de quelle France on
parle ? Parce qu’il ne me semble pas qu’en dehors des banlieues , tous les
Français partagent la même vision de la France , même parmi les plus érudits (
sans parler du fait qu’il me semble qu’on est incapable de produire un
quelconque consensus aujourd’hui ).