@Joe Chip
Quand
je dis que Zemmour n’est plus souverainiste , je ne parle pas de l’étiquette
politico-médiatique censé séduire ou faire peur aux masses en fonction de l’échiquier
politicien dans lequel on se trouve. Oui de cette perspective là , on peut faire
tous les reproches du monde sur l’incapacité qu’ont les politiciens qui brandissent
cette étiquette , de séduire les masses par une communication ciselée , là-dessus
, je peux être d’accord avec toi et on peut en parler des heures , d’ailleurs
je ne sais même pas ce que cette étiquette veut dire réellement tellement chacun lui donne la coloration qu’il désire.
Non
, lorsque je parle de souveraineté dans mon commentaire , je parle d’un fait politique qui existe
depuis plusieurs millénaires et qui est vieux comme les Etats , je parle de la
capacité d’une communauté de s’autodéterminer
politiquement et de rester politiquement autonome. Zemmour n’a jamais revendiqué
l’étiquette politicienne souverainiste mais de par ses positions , il y’a moins
d’une dizaine d’année , il l’était de facto. Il y’a eu un glissement d’abord
avec « Mélancolie française » et qui s’est achevé il y’a quelques
années par un discours ultra -décliniste s’attaquant même à la notion de
souveraineté ( et pas seulement comme étiquette politicienne et médiatique ,
aussi comme fait politique ) pour l’opposer à l’identité , comme pour dire que
le combat politique de nos jours est dépassé et que le vrai combat est culturel
et réside exclusivement dans la sphère symbolique
et non dans la réappropriation des moyens de décider de son destin. Et ce surinvestissement
de la sphère symbolique passe chez lui par la fameuse union des droites car c’est selon lui dans cette sphère qu’elles peuvent s’unir. Zemmour
connait Gramci mais il a une conception
biaisée et dépravée de ses thèses (
comme c’est le cas de beaucoup de thèses qu’il récupère et cuisine à sa sauce idéologique
) : la notion d’hégémonie culturelle n’a
jamais impliqué la prévalence de la sphère culturelle sur la sphère
politique chez l’intellectuel italien ,
il affirmait nécessité d’un front culturel à côté des fronts économique et politique.
Pour
donner une image, Zemmour, c’est devenu l’amérindien parqué dans sa réserve qui
pense mélancoliquement à un glorieux passé révolu qui ne reviendra jamais selon
lui , qui porte symboliquement ses plumes traditionnelles sur la tête comme chant
du cygne identitaire et qui combat avec des arguments déclinistes ceux de son
peuple qui parlent de la nécessité de sortir de cette réserve.