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Belenos Belenos 26 octobre 2018 02:46

@maQiavel
Certes, le raisonnement que vous tenez est celui qu’il faut couramment présenter à la personne qui prétendrait que c’est à la loi française de s’effacer devant une coutume ancestrale.

Mais si cette personne affirme de son côté que c’est aux lois juridico-politiques de chaque pays de se placer dans le cadre d’une culture religieuse universelle, que pourrons-nous répondre ? La discussion sera dans une impasse, car il n’y a aucune raison a priori de donner la préséance à la sphère politico-juridique plutôt qu’à la sphère culturelle. 

Et que répondre à celui qui, voulant préserver les lois de son pays, dénoncerait cette culture religieuse prétendument universelle, mais en réalité agressive et envahissante, comme une idéologie totalitaire et malfaisante avec laquelle aucune négociation n’est possible ? Ce sera impossible si l’on ne prend pas la précaution de distinguer les deux acceptions fort différentes de "culture" (et je ne dis que ça ici). 

En revanche, si l’on considère avec exactitude le sens de "culture" tel que l’entend la triple articulation de l’organisme social, mutiler un enfant n’est pas une pratique "culturelle" tandis que le sont : lire un livre, faire du yoga, jouer du trombone, méditer, prier, apprendre le japonais, étudier l’histoire, faire des maths, etc). A partir de cette précision, il n’y a même pas à se poser la question de savoir comment on doit gérer cette habitude communautaire, ni à justifier qu’elle doive s’exercer dans un cadre juridico-politique. En revanche, si mon propre pays m’interdisait, par exemple, de lire un livre, faire du yoga, jouer du trombone, méditer, prier, apprendre le japonais, étudier l’histoire, faire des maths, bref d’exercer ma liberté culturelle, j’outrepasserais son cadre juridico-politique et je me battrais à mort pour faire changer ce cadre. 

Si l’on ne procède pas de cette manière, si l’on prétend que la culture doit toujours s’exercer seulement dans "le cadre politico-juridique fixé par l’Etat", alors on admet qu’il n’y a plus de possibilité pour l’élément culturel de venir irriguer la réflexion juridique et politique par l’objection de conscience. C’est une vision assez dictatoriale où le politico-juridique doit par principe tout dominer et imposer son cadre à toute la vie. Or, la loi et les Etats évoluent aussi par l’objection de conscience individuelle (qui pousse par exemple un citoyen à aider un esclave à s’enfuir AVANT que la loi ne supprime finalement le droit de réduire un homme en esclavage). Le problème est que les islamistes utilisent le même argument, en surfant sur la vague de confusion qui a cours en Occident à propos de la "culture". Et ils ne le peuvent que parce que personne ne leur oppose clairement le fait que la plupart de leurs prétendus pratiques culturelles problématiques... n’en sont pas. Du moins, ce ne sont pas des pratiques "culturelles" au sens où une société moderne impliquant une tripe articulation de l’organisme social doit entendre la notion de "culture". 

Si vous vous placez dans le cadre de ce paradigme, vous devez tenir compte de cette précaution qui a été bien spécifiée par les constructeurs de ce paradigme, en particulier Rudolf Steiner (à une époque où, précisément, deux systèmes politico-juridiques totalitaires ont pris en étau la vie spirituelle, la "culture" de l’Europe). 




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