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Joe Chip Joe Chip 25 octobre 2018 15:13

@maQiavel

A la décharge de Goldnadel, il n’est pas le seul à faire cette confusion entre "comité" aux droit de l’homme et le "conseil" des droits de l’homme ; le comité n’a aucune légitimité politique et diplomatique. On peut s’interroger au passage sur cette effusion de comités consacrés à la défense des droits de l’homme, leurs objectifs et leur utilité concrète. Je me suis longuement exprimé ici sur la différence fondamentale entre la déclaration de 1789 (qui articule droits de l’homme et citoyenneté) et celle de 1948 (origine du "droit-de-l’hommisme") qui sert de base aux "comités d’expert" de l’ONU donc je ne vais pas y revenir. 

On trouve dans Marianne quelques précisions intéressantes :

Cette hiérarchisation des priorités, entre liberté de religion et égalité des sexes, est frappante quand on se penche sur l’analyse détaillée de deux rapporteurs du Comité. Surprise : les juristes jugent "valable" l’argument "selon lequel le voile intégral a un caractère intrinsèquement oppressif et trouve son origine dans l’asservissement patriarcal des femmes, qui vise à les empêcher de participer à la vie de la société au même titre que les hommes". On ne saurait mieux dire ! Mais le Comité s’arrête ici dans sa critique du fondamentalisme religieux, se dépêchant de préciser qu’interdire le niqab et la burqa "semble impliquer que toute femme qui porte un voile intégral n’a pas elle-même décidé de le faire en connaissance de cause, ce qui risque de renforcer le stéréotype selon lequel les musulmanes sont opprimées", mais également de "stigmatiser encore davantage les femmes de confession musulmane qui choisissent de porter le voile intégral et, plus largement, tous les musulmans, sur la base du stéréotype lié au rôle des femmes dans l’islam". Et voilà comment, pour ne pas nourrir un "stéréotype" qui est une réalité dans des pays musulmans comme l’Iran ou l’Arabie saoudite, le Comité des droits de l’Homme de l’ONU réprimande le combat français contre le niqab.

Il existe toutefois une remarquable exception dans ce marécage de complaisance : Yadh Ben Achour, un juriste tunisien membre du Comité, a fait publier dans le rapport une opinion dissidente très tranchée en faveur de l’Etat français. Ce grand spécialiste des théories politiques islamiques y démonte méthodiquement l’avis de l’institution à laquelle il appartient. Il insiste sur "la menace à la sécurité publique" que constitue le port du voile intégral, qui lui semble "évidente, dans un contexte de lutte contre les terroristes dont certains ont exécuté des attentats ou des assassinats en France et ailleurs en se travestissant avec des niqabs". Ben Achour se livre à une défense convaincue de "l’ordre républicain, laïque et démocratique" en vigueur en France, dont "l’égalité des hommes et des femmes fait partie des principes les plus fondamentaux", comme dans… le Pacte de 1976, aux articles 3 et 26. "Les défenseurs du niqab enferment la femme dans son statut biologique primaire de femelle, objet sexuel, chair sans esprit ni raison, responsable potentiel du désordre cosmique et du désordre moral, et qui doit donc se rendre invisible au regard masculin et être pour cela quasiment interdite de l’espace public", explique le juriste tunisien, qui juge qu’un "Etat démocratique ne peut permettre une telle stigmatisation, à l’égard de toutes les autres femmes."

Enfin, le "dissident" du Comité met le doigt de façon particulièrement habile sur une contradiction de ses collègues : pourquoi les juristes reconnaissent-ils le port du voile intégral comme "l’accomplissement d’un rite et de la pratique d’une religion", alors que "le port du niqab ou de la burqa est une coutume suivie dans certains pays dits ’musulmans’ qui, par l’effet de l’islamisme politique et des tendances rigoristes, a été artificiellement raccrochée à certains versets du Coran (...)". En effet, affirme Ben Achour, "les savants les plus autorisés de l’islam ne reconnaissent pas la dissimulation du visage comme une obligation religieuse". Ainsi, même si le port du niqab peut être considéré comme une expression de la liberté de religion, le spécialiste rappelle que "toutes les interprétations ne se valent pas au regard d’une société démocratique ayant pour fondement de son système juridique les droits de l’Homme (...) et ayant érigé le principe de laïcité en principe constitutionnel (...)". Un rappel de la spécificité française salutaire face à une armée de juristes semble-t-il acquis au relativisme culturel. Situation improbable : lorsque l’on proclame, au Comité des droits de l’Homme de l’ONU, que "la dissimulation du visage constitue une rupture du contrat social, du minimum de civilité, de fraternité et du vivre ensemble", on est un dissident.




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