Sur
la forme, la pédanterie de Raphaël Enthoven m’insupporte. Sur le fond, je suis en
opposition radicale avec nombre de ses propos. Le Crif ne me poserait aucun
problème s’il n’existait qu’en tant qu’association communautaire et non comme une
structure politique d’influence des pouvoirs publics. Je passe sur les propos sionnards
d’ Enthoven sur le conflit israélo-palestinien , il ne prend pas beaucoup de
risques.
Une
fois qu’on a dit cela, on peut admettre que Raphaël Enthoven dit tout de même
des choses intéressantes, il a bien compris une partie des dynamiques à l’œuvre sur les réseaux sociaux.
Mais il ne voit pas qu’on pourrait l’appliquer aussi aux grands médias et ses
meutes de journalistes militants. Ce sont simplement des dynamiques
collectives. Ce qu’il dit du « parti unanime » est très juste. Notamment « Pour
avoir sa carte au parti unanime, il suffit d’être un zombie. Et des zombies, on
en trouve dans tous les camps. J’entends par zombie quelqu’un qui entend vous
nuire pour la seule raison que vos opinions lui déplaisent, quelqu’un dont l’énergie
est consacrée à remplacer le débat (ou l’on frappe au-dessus de la ceinture
avec des arguments ) par le combat (ou tous les coups sont permis, y compris
les coups bas). L’ennemi du débat, l’adversaire collectif n’est pas le
dépositaire d’une opinion infame et caricaturale qu’il essaierait d’imposer aux
autres, l’ennemi est le dépositaire d’un comportement qui transcende les opinions,
d’une modalité haineuse, du dogmatisme uniquement attaché à décrire
l’adversaire comme un ennemi , à déduire ce qu’il dit de ce qu’on croit qu’il
est, à discréditer son point de vue pour en éviter l’examen ».
Alors,
c’est bien beau de chercher des exemples sur les réseaux sociaux mais moi, ce
qu’il décrit là m’a fait immédiatement penser à ceux qui se sont acharnés sur
Robert Faurisson. Enthoven a bien précisé que nos opinions n’avaient aucune importance,
il se limite à décrire un phénomène, donc l’opinion que l’on peut avoir des thèses
défendues par Faurisson n’ont aucune importance ici , ce sont des comportements
qu’on évalue. Et le fait est que ceux qui se sont acharnés à faire taire
Faurisson par l’injure, la loi et les coups (appelé également le théorème de Levy ) correspondent totalement aux zombies décrit
par Enthoven. Mais c’est certain que ça, on ne l’entendra jamais dans une
convention nationale du Crif …
Et
quand il termine son explication par « Le seul but du parti unanime n’est
pas de débattre mais de tuer le débat qu’il redoute », ça laisse songeur …