@Joe Chip
Lorsque je m’exprime
ainsi, c’est rarement une simple analyse subjective qui sortirai intuitivement de
ma caboche , ça fait quelques années que je suis l’armée française via mes
abonnements à des revues militaires et des publications de certains spécialistes
de l’histoire militaire.
Nous en
avions déjà discuté mais de façon générale, je n’aime pas mettre tout et n’importe
quoi dans le concept de « souveraineté » qui est une notion transhistorique
qu’on peut retrouver déjà à l’antiquité et non un gadget médiatico-politicien flou
à agiter pour caractériser certains partis politique comme l’UPR, DLF ou RN, l’utilisation
de la notion de souveraineté me fait un peu penser à celle de populisme, c’est
devenu un fourretout. Lorsqu’on en parle sérieusement, la Souveraineté est une chose,
la Puissance en est une autre, il faut faire la distinction entre les deux pour
pouvoir discuter de ce sujet de façon intelligible.
Je pense que
ta vision est erronée : en gros, le déficit de puissance lié au déficit financier
contraint la hiérarchie militaire à la coopération avec l’OTAN alors qu’elle
aurait souhaité faire autrement. C’est le contraire : si cette hiérarchie tire
la sonnette d’alarme sur les moyens à allouer à la défense, c’est toujours dans
une optique d’intégration de l’armée française à l’OTAN afin de donner à la France
une place de choix dans cette structure. Sur le plan stratégique, la hiérarchie
militaire française est formatée pour penser à l’aune de cette intégration, d’ailleurs
contrairement à une idée reçue, le retour de la France dans le commandement intégrée
de l’OTAN n’a fait que confirmer une évolution souhaitée, non pas par les diplomates
du Quai d’Orsay mais par la hiérarchie militaire, et ce ne sont pas les manques
de deniers qui en sont la cause mais tout un imaginaire occidentaliste et
atlantiste en vogue ce milieu. Il y’a certes des cultures militaires et opérationnelles
différentes entre par exemple l’armée de terre et la marine , mais qui ne remettent
pas en question le tropisme otanesque général , si la hiérarchie militaire craint
la germanisation industrielle de l’armée , ce n’est pas par désir de
souveraineté mais parce qu’elle regarde avec une certain complexe de supériorité son homologue allemand qui
la tirerait vers le bas ( cfr « les Français font la guerre » du ministère
de la défense ) , lorsqu’il
s’agit de se préparer à la guerre de haute intensité , c’est de l’autre coté de
l’atlantique que son regard se tourne.
C’est là que
la confusion entre Souveraineté et Puissance ne permet plus de penser de façon
pertinente : le désir de maintien de capacité d ’autonomie opérationnelle et
industrielle, la dénonciation de l’austérité budgétaire qui ne permet pas d’assurer
cette capacité et contraint à glisser vers une mutualisation capacitaire de défense
au sein de la structure otanesque sont des thématiques qui relèvent de la Puissance.
Et ce n’est pas ce que je mets en cause ici : bien évidemment que la hiérarchie
militaire est en faveur d’une accumulation de puissance en faveur de l’armée
française et pour le maintien d’un modèle d’armée complète, les publications de
la revue stratégique de la défense sont suffisamment claires.
Ce dont je
parle ici, c’est de souveraineté. Lorsque je parle du profond désir d’être
intégré à l’empire, je ne fais pas référence à « Comprendre l’empire »
d’Alain Soral (puisque j’imagine que c’est ce qui t’a poussé à parler des soraliens)
mais je fais implicitement une analogie historique avec ces Etats , alliés de
Rome ou conquis par Rome , dont l’élite coopté
ne pensait le destin de leur peuple qu’à l’aune de l’alignement sur le centre
impérial. Certes , la souveraineté découle avant tout d’une volonté politique et
les militaires n’y sont pour rien dans sa perte de souveraineté , mais penser
comme le font certains gilets jaunes que mettre des militaires au pouvoir
changerait la donne , croire qu’une fois au pouvoir , ces militaires impulseraient
une politique étrangère souveraine , indépendante ( ce qui signifie parfois en
opposition avec les Etats unis lorsque les intérêts de la France l’exigent ) , c’est
se mettre le doigt dans l’œil et ne pas connaitre la mentalité dominante qui a
cours dans ce milieu dont j’ai parlé plus haut et qui consiste en gros à aspirer
à la position de premier parmi les feudataires. S’il arrivait au pouvoir des
dirigeants qui souhaiteraient véritablement remettre la souveraineté au gout du
jour et mener une politique indépendante des Etats unis ( ce qui implique la
sortie de l’OTAN et de l’UE , qu’on le veuille ou non , ce n’est pas une
opinion c’est un fait ) , même si ce
pouvoir proposait la suspension des coupes budgétaires et proposait dans les années suivantes une
remontée du budget de la défense à 5 % du PIB , même s’il ne cracherait pas sur
ces allocations budgétaire ce milieu ferait partie des forces qui s’opposeraient
à une telle ligne et considérerait que ce choix stratégique n’a strictement aucun
sens , il n’est pas formaté pour penser le XXIème siècle comme ça , son logiciel est
profondément altantiste …