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maQiavel maQiavel 17 décembre 2018 18:48

@Joe Chip

Lorsque je m’exprime ainsi, c’est rarement une simple analyse subjective qui sortirai intuitivement de ma caboche , ça fait quelques années que je suis l’armée française via mes abonnements à des revues militaires et des publications de certains spécialistes de l’histoire militaire. 

Nous en avions déjà discuté mais de façon générale, je n’aime pas mettre tout et n’importe quoi dans le concept de « souveraineté » qui est une notion transhistorique qu’on peut retrouver déjà à l’antiquité et non un gadget médiatico-politicien flou à agiter pour caractériser certains partis politique comme l’UPR, DLF ou RN, l’utilisation de la notion de souveraineté me fait un peu penser à celle de populisme, c’est devenu un fourretout. Lorsqu’on en parle sérieusement, la Souveraineté est une chose, la Puissance en est une autre, il faut faire la distinction entre les deux pour pouvoir discuter de ce sujet de façon intelligible.

Je pense que ta vision est erronée : en gros, le déficit de puissance lié au déficit financier contraint la hiérarchie militaire à la coopération avec l’OTAN alors qu’elle aurait souhaité faire autrement. C’est le contraire : si cette hiérarchie tire la sonnette d’alarme sur les moyens à allouer à la défense, c’est toujours dans une optique d’intégration de l’armée française à l’OTAN afin de donner à la France une place de choix dans cette structure. Sur le plan stratégique, la hiérarchie militaire française est formatée pour penser à l’aune de cette intégration, d’ailleurs contrairement à une idée reçue, le retour de la France dans le commandement intégrée de l’OTAN n’a fait que confirmer une évolution souhaitée, non pas par les diplomates du Quai d’Orsay mais par la hiérarchie militaire, et ce ne sont pas les manques de deniers qui en sont la cause mais tout un imaginaire occidentaliste et atlantiste en vogue ce milieu. Il y’a certes des cultures militaires et opérationnelles différentes entre par exemple l’armée de terre et la marine , mais qui ne remettent pas en question le tropisme otanesque général , si la hiérarchie militaire craint la germanisation industrielle de l’armée , ce n’est pas par désir de souveraineté mais parce qu’elle regarde avec une certain complexe de supériorité son homologue allemand qui la tirerait vers le bas ( cfr « les Français font la guerre » du ministère de la défense ) , lorsqu’il s’agit de se préparer à la guerre de haute intensité , c’est de l’autre coté de l’atlantique que son regard se tourne.

C’est là que la confusion entre Souveraineté et Puissance ne permet plus de penser de façon pertinente : le désir de maintien de capacité d ’autonomie opérationnelle et industrielle, la dénonciation de l’austérité budgétaire qui ne permet pas d’assurer cette capacité et contraint à glisser vers une mutualisation capacitaire de défense au sein de la structure otanesque sont des thématiques qui relèvent de la Puissance. Et ce n’est pas ce que je mets en cause ici : bien évidemment que la hiérarchie militaire est en faveur d’une accumulation de puissance en faveur de l’armée française et pour le maintien d’un modèle d’armée complète, les publications de la revue stratégique de la défense sont suffisamment claires.

Ce dont je parle ici, c’est de souveraineté. Lorsque je parle du profond désir d’être intégré à l’empire, je ne fais pas référence à « Comprendre l’empire » d’Alain Soral (puisque j’imagine que c’est ce qui t’a poussé à parler des soraliens) mais je fais implicitement une analogie historique avec ces Etats , alliés de Rome ou conquis par Rome , dont l’élite coopté ne pensait le destin de leur peuple qu’à l’aune de l’alignement sur le centre impérial. Certes , la souveraineté découle avant tout d’une volonté politique et les militaires n’y sont pour rien dans sa perte de souveraineté , mais penser comme le font certains gilets jaunes que mettre des militaires au pouvoir changerait la donne , croire qu’une fois au pouvoir , ces militaires impulseraient une politique étrangère souveraine , indépendante ( ce qui signifie parfois en opposition avec les Etats unis lorsque les intérêts de la France l’exigent ) , c’est se mettre le doigt dans l’œil et ne pas connaitre la mentalité dominante qui a cours dans ce milieu dont j’ai parlé plus haut et qui consiste en gros à aspirer à la position de premier parmi les feudataires. S’il arrivait au pouvoir des dirigeants qui souhaiteraient véritablement remettre la souveraineté au gout du jour et mener une politique indépendante des Etats unis ( ce qui implique la sortie de l’OTAN et de l’UE , qu’on le veuille ou non , ce n’est pas une opinion c’est un fait ) , même si ce pouvoir proposait la suspension des coupes budgétaires et proposait dans les années suivantes une remontée du budget de la défense à 5 % du PIB , même s’il ne cracherait pas sur ces allocations budgétaire ce milieu ferait partie des forces qui s’opposeraient à une telle ligne et considérerait que ce choix stratégique n’a strictement aucun sens , il n’est pas formaté pour penser le XXIème  siècle comme ça , son logiciel est profondément altantiste … 




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