@Belenos
Vous nous rédigerez, en punition de votre incitation à la paresse
intellectuelle, une dissertation de 20 pages sur le thème brûlant
d’actualité : "Alexandre le Grand, conquérant ou
visionnaire ?" Avec des citations en grec et en latin.
------> Pour répondre à cette boutade,
je dirai que pour comprendre le présent , il faut connaitre le passé , c’est encore
plus vrai lorsqu’on a une approche historiciste.
Les leçons
que je tire de l’invention de la terreur se situent surtout au niveau des
mécanismes d’incriminations et de diabolisation, je vois là le prélude d’un
phénomène qui a été usé jusqu’à la corde au XX siècle et dans ce début de XXI
siècle. Je pensais que ce phénomène était né avec le tribunal de Nuremberg et
les instrumentalisations idéologiques qui en ont été faites mais ils n’ont fait
qu’accentuer un phénomène de diabolisation préexistant. Finalement, que sont
les Milošević, les kadhafi, les Habyarimana ou les Assad si ce n’est des petits
Hitler en puissance ? Eh bien l’invention de la terreur m’a fait
comprendre qu’ils sont surtout des Robespierre en Puissance.
Prenons
l’exemple d’Assad : la quasi-totalité des massacres en Syrie lui sont
attribués par les élites occidentalistes. Et elles attribuent à l’EI le peu de
massacres qu’elles n’attribuent pas à Assad (et elles considèrent qu’il en est
de toute manière responsable puisque ce serait la violence de sa répression qui
serait à l’origine de l’EI dans leur narrative). De toute cette période de
guerre qui va de 2011 à aujourd’hui lui, ces gens ne retiennent que la période
2011-2012 et en font le nœud de compréhension de la guerre syrienne pour pouvoir
formuler qu’Assad massacre son peuple. Elles évacuent toute complexité d’une
guerre qui se joue à plusieurs échelles, qui est multifactorielles et qui
contient un nombre conséquent d’acteurs, pour créer une sorte de période de « Terreur »
qui permet de rejeter la responsabilité de l’ensemble de la situation au « Tyran »
de Damas assoiffé de sang et de sauver une rébellion née d’un printemps révolutionnaire
et démocratique. Ce récit marche un peu moins bien aujourd’hui mais jusqu’à la
chute d’Alep, il était d’une vigueur extraordinaire dans les médias dominants. Je
ne suis pas entrain de faire d’Assad un innocent qui n’a aucune responsabilité sur
la situation de la Syrie ou de le comparer à Robespierre sur le plan
idéologique et politique (ils n’ont rien à voir ) mais c’est le mécanisme de
diabolisation qu’il y’a en commun qui attire mon attention.
Et là,
je ne prends que l’exemple de la Syrie mais on retrouve cette mécanique à plusieurs
reprises. C’est comme si avec l’invention de la Terreur est né une matrice
idéologique servant de grille de lecture indispensable à la narrative d’événements
au cours desquels ont lieu des massacres de population mais qu’il faut tout
de même sauver, du genre « la révolution française est une magnifique ode
à la liberté et à la modernité mais un affreux tyran et ses ouailles l’ont
monopolisé une petite période pour organiser de terribles massacres ».