@Belenos
« Certes un Etat laïque doit
assumer son ignorance en matière de religion, mais il reste capable de
reconnaître les symboles de défi et de ralliement de ses ennemis ».
------> Comme la quenelle. Si l’Etat l’interdit parce
qu’il estime que c’est un salut nazi inversé, alors c’en est un (alors que vous
et moi ne donnons pas cette signification à ce geste). Et puis un jour le bras
d’honneur sera interdit parce que des néo-nazis l’auront fait à Auschwitz, les signes des cornes
parce qu’une classe dirigeante estimera qu’il est machiste, et pourquoi pas la « gestuelle
illuminatis » parce qu’un artiste qui a l’habitude de les utiliser aura
tiré sur la foule. On entre précisément dans ce que vous
décriviez plus haut à savoir dans des considérations symboliques et subjectives
qui seraient forcément vagues et molles impossible à transcrire en droit.
Je vois surtout que ça finirait par la mise en place d’une police du symbole (qui
serait certainement la continuation de la police des mœurs) qui patrouillerait
dans les rues pour juger arbitrairement de la conformité des symboles à la
bonne morale. Mais pourquoi pas ? Après tout, comme vous dites, le peuple
français peut décider de ce qu’il veut mais je crois que cela
impliquerait un changement de régime.
Pour le reste,
je n’ai pas dit que l’Etat n’a pas le droit de donner un contenu symbolique à
des signes ou à des bouts de tissus et ce en aucune circonstance. Le drapeau
français est objectivement un bout de tissus et la constitution a fait de ce
bout de tissus le symbole de la nation, je suis au courant. Ce n’est pas pour autant
que l’Etat a le droit, dans notre régime , de donner une signification
symbolique à tout et de n’importe quelle façon (sinon on est plus dans un Etat
de droit). Je suis contre l’ interdiction des
signes nazis ( c’est permis aux Etats unis et ceux qui les portent font
plus rire qu’autre chose ) mais je comprends la logique qui consiste à
interdire de porter ou d’exhiber en public un uniforme, un insigne ou un
emblème officiel d’une organisation déclarée criminelle par une juridiction ( dans
ce cas le tribunal de Nuremberg , quoi qu’on puisse penser de ce tribunal ). C’est
très largement suffisant pour reconnaitre les
symboles de défi et de ralliement des ennemis de l’Etat.
Mais comment interdire le
geste de la quenelle par exemple ? Je suis très curieux de voir comment
nos dirigeants vont se débrouiller pour ratifier une loi anti-quenelle (je
rigole en écrivant ), ça fait des années que Meyer Habib a cette loi dans les
tuyaux il me semble qu’il a abandonné l’idée de la
faire voter , conscient des difficultés
que cela entrainerait. Avec les récents évènements des GJ, il s’est senti
poussé les ailes et a tenté de faire
passer un amendement anti-quenelle qui a été rejeté ( je rigole encore ).
Bref , je trouve que tout cela
est complètement grotesque mais si les gens veulent un régime qui leur permet de
rejeter arbitrairement ce qu’ils estiment être des symboles malfaisants, en se
prévalant de la souveraineté populaire , des bonne mœurs , de la lutte contre l’antisémitisme
, l’islamophobie , l’homophobie ou au nom du féminisme et de la sacralité cosmique
de Jupiton , pourquoi pas , rien n’est impossible dès lors qu’on estime que la « souveraineté
populaire » ne devrait avoir aucune limite …