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Joe Chip Joe Chip 16 avril 2019 16:18

@PumTchak

Je ne vois pas trop où se situe la contradiction de ces chiffres et de ces constats par rapport à ce que j’ai écrit, mais nous semblons être d’accord sur l’essentiel et le caractère "fourre-tout" de la FI.

Je crois plutôt que la minorité indigéniste/différencialiste/gauchiste a clairement pris le pouvoir au sein des structures militantes et dirigeantes du parti mais que cette mue idéologique en cours ne peut pas encore être assumée sur le plan politique et porté auprès de l’électorat de gauche — plutôt "blanc" et grisonnant , donc on envoie en attendant des figures médiatiques lissées mais peu représentatives de l’évolution du parti, comme la petite Manon venue de l’associatif humanitaire ou un Corbière, que l’on voit partout mais qui est en fait le dernier représentant un peu déprimé de la ligne républicaine et souverainiste au sein du parti, le seul dont les gauchistes n’ont pas pu obtenir la démission en raison de sa proximité avec Mélenchon.

Mélenchon me paraît usé politiquement, il semble moins s’intéresser à l’avenir du pays ou de son parti qu’à se venger de la gauche et des socialistes qui, à ses yeux au moins, l’auront sans doute empêché de réaliser ses ambitions et privé d’un destin politique national de premier plan.

Là où Onfray m’ennuie, ce sont ses interventions publiques qui tendent à montrer que c’est la FI qui a pourri les GJ. Alors que ce sont les antifas/blacks blocs qui étaient présents dès les actes de décembre et servaient aux médias et aux politiques à inventer la peste brune, les fachos, l’extrême droite et les années 30. Les racailles étaient présentes pour faire leurs courses (ce sont eux qui ont saccagé l’Arc de Triomphe), mais elles se sont ensuite retirées car les enquêtes commençaient à déranger les trafics de drogue dans les banlieues.

Les antifas et les groupuscules de droite ont débarqué environ au même moment dans les manifs et sont accusés mutuellement de tentative de détournement et d’accaparation du mouvement. Les photos de Ryssen allant poser ostensiblement devant les photographes de Paris Match en gilet jaune, et les royalistes dans les cortèges, ce n’était les antifas ou les blacks blocs...
Mais les fautifs sont les gilets jaunes, autant on pouvait comprendre leur volonté farouche de résister à une aimantation partisane ou politique, autant leur refus entêté, au nom d’une conception paranoïaque de la démocratie, de se doter d’une structure politique autonome chargée d’encadrer le mouvement, de contrôler la communication et d’assurer un minimum d’ordre, a ouvert la porte des manifs aux activistes de toute tendance, la nature politique ayant horreur du vide. 
A ce petit-jeu, ce sont les antifas et les blacks blocs qui ont rapidement pris le dessus sur les charlots de la dissidence et l’utra-droite, peu habitués aux manifs et à l’agit-prop. 

Une fois que les blacks blocs ont réussi leur entrisme fin janvier, avec l’aide des flics qui se sont habillés comme eux (autre nouveauté) et pour certains ont poussé aux actes de vandalisme, les Gj ont perdu leur énergie naturelle à les repousser.

Je ne crois pas du tout à cette théorie du complot. Les flics habillés en black blocs pour pousser les gentils gilets jaunes à commettre des actes de vandalisme, oui, bon, faut arrêter à un moment. Il y a eu des stratégies et des provocations, comme dans tous les mouvements sociaux, mais encore une fois tout cela a été rendu possible par la désorganisation et la porosité idéologique des gilets jaunes. 

Les politiques ont tous tenté de récupérer : Wanquiez et NDA ont enfilé leur gilet jaune, Philippot a déposé la marque à l’INPI. Le Pen est restée en réserve car les forces de l’ordre votent FN. Donc l’entrisme de la FI n’a rien de spécifique, récupérer, c’est leur job, de toute façon. Il a simplement été facilité après que les antifas aient ouvert la brèche (et aussi via les quelques manifestation communes avec les syndicats à partir de fin janvier, ou début février).

Parce que les GJ étaient récupérables. Le Pen est restée en réserve car il s’agit en partie de son électorat, elle n’avait donc rien à gagner en semblant cautionner des violences. Toutes ces tentatives de récup ont commencé simultanément et ce bien avant que les antifas "ouvrent la brèche". Même les libéraux purs et durs proches de Macron ont essayé de récupérer le mouvement courant décembre en voyant dans les GJ la confirmation de leurs analyses sur le besoin de réformes fiscales et de la baisse de la dépense publique. 
Il faut arrêter de tout mettre sur le dos des blacks blocs et des antifas, c’est ridicule, parfois en lisant certains discours on a l’impression qu’il s’agit d’organisations subversives et politiques tentaculaires qui auraient "corrompu" les gentils gilets jaunes adeptes du RIC. Les blacks blocs sont à 90% des étudiants de bonne famille qui viennent s’encanailler dans les mouvements sociaux avant d’intégrer le système. Si des smicards sont assez cons pour aller défier des flics et péter des vitrines dans leur sillage, en prenant des coups à leur place, c’est de leur faute, ils n’ont qu’à s’organiser encore une fois.
Regardez en Algérie, les manifestants ont très bien compris que toute forme de violence ou de dégradation donnerait au "régime" le prétexte qu’il attendait pour dénoncer une ingérence de l’étranger ou jouer la carte du "parti de l’ordre".

Malheureusement, les Français cultivent un rapport infantile à la violence politique et au folklore révolutionnaire.




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