@Belenos
Je serais
certainement plus à l’aise avec un Laurent Fides (Je vais sans doute commander l’ouvrage), qu’avec
Louis Pauwels, avec qui j’ai quelques mauvais souvenirs qui me gênent encore
(pas simplement sur la manif contre le début de la privatisation des
universités). Pauwels était un littéraire, pas un penseur. Au contraire d’André Glucksmann, même s’il a pensé sortir
la gauche de son penchant totalitaire pour finalement nous plonger dans une
autre dystopie : un Sisyphe, en définitive (je ne parle pas du fils, qui
n’a aucun intérêt).
En somme,
nous n’avons toujours pas dépassé la modernité de 1984 : le pouvoir, c’est
le langage. Si l’argent permet de l’accumuler, au moyen de l’achat des biens, services,
volontés, sentiments, c’est le langage qui permet de le garder, avec le rendez-vous
« démocratique » tous les 5 ans, aux mains des partis électoraux. Aujourd’hui,
l’exécutif maintient qu’il n’y a pas de violences policières, donc le SAV
médiatique ne parle que de violences des GJ et toutes les vidéos disponibles et
qui tournent de tabassages par les forces du pouvoir sont orphelines. Ted
Turner a créé la CNN en 1980, avec le concept de l’info 24 heures/24 et le flot
continu d’images, à la place de la messe quotidienne du journal télévisé et
l’homme-tronc qui présente les sujets sélectionnés et mis en forme. Il avait
dit croire que cette chaîne pourrait mettre fin aux guerres, car tout le monde
en verrait les images en direct. C’est
en effet l’apparition des images de la guerre du Viet-Nam sur les écrans tévés,
qui ont mis fin à celle-ci. S’il y a eu le génocide juif, c’est parce qu’on ne
savait pas : il n’y avait pas les images en direct.
Eh ben non.
Voir et savoir ne suffit pas (ce que même 1984 n’avait pas envisagé) : c’est
dire qui fait ce qui est vrai.
Notre
langage public, le sens commun des choses, est délimité avec trois bornes, ou trois déterminants de pensée que j’ai
déjà présentées, en tout cas j’en suis encore là.
- Le
néoconservatisme, avec la reconstruction du paranoïaque qui est celui qui doute
de l’évidence du pouvoir de la démocratilibérale.
- Le
déconstructionnisme, ou la French theory, ou bien ce que vous appelez le
marxisme culturel que vous remontez, j’ai lu, à l’école de Francfort, avec
Horkheimer, Marcuse, Adorno. Il substitue la stabilisation des modes de vies en
oppression des unes par rapport aux autres jusqu’à ce que tout tout ce qui les
distingue disparaisse : cultures, peuples, frontières, identités.
- L’horreur
historique, Gorgone fasciste contre lequel il faut lutter dans les rues et les
salons médiatiques. Tout ce qui devient national développe la haine et la
guerre. J’ai bien aimé le populiste/populicide de Onfray, qui montre tout l’impensé de la crainte des peuples.
Cette
présentation du pouvoir par le langage étant évidemment celle d’un parano,
dominateur, haineux : il n’y a pas d’échappatoire.
Il serait bon en effet, qu’au milieu des cours de catéchisme à la citoyenneté, qu’il y ait des cours d’autodéfense sémantique, avec des Fides et des Rocrieux. L’ouvrage de fond restant, je crois, le "Cours de linguistique générale", de Ferdinand de Saussure, qui fait l’examen panoramique de conditions de la langue, notamment le signifiant/signifié et qui a tant servi aux penseurs structuralismes.