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Joe Chip Joe Chip 28 mai 2019 14:22

@Gollum

Donc c’est bien la pétoche qui prime. Pétoche qui vient de l’ultra confort dans lequel on baigne aujourd’hui et que l’on a peur de perdre..

Les français sont devenus collectivement de gros bourgeois (même si modestes) qui n’aspirent qu’à une chose : vivre tranquilles et dormir tranquilles... Avoir le max de loisirs...

Les "trouilles" dont tu parles ne sont pas spécifiquement françaises et sont agitées aussi dans les autres pays. Par ailleurs, les pays du nord de l’Europe, les Suisses, les Australiens, etc. sont plus riches que nous, consomment et épargnent davantage sans avoir développé cette mentalité de petits rentiers angoissés par tout et accrochés qui à son statut, qui à sa retraite... d’ailleurs un Asselineau qui prétend rompre avec ce système ne tient que ce discours infantilisant aux Français : et on va vous sauver vos retraites, et on va vous sauver vos emplois de fonctionnaires, bien payés et avec la sécurité de l’emploi, et on va vous sauver vos industries, on va ressusciter votre CNR, votre franc (dévalué), votre sécu, les colonies, etc, etc, etc... 

C’est ce qu’en psychologie on appelle le confort débilitant, le fait de toujours privilégier la sécurité qui conduit à refuser de manière obstinée le changement par crainte des effets négatifs (souvent provisoires) produits par une salutaire remise en question. Quand De Gaulle fustigeait les "veaux", il ne disait pas autre chose, les Français aspirent paradoxalement à être conduit par un chef tout en refusant de se laisser entraîner en avant... le résultat on le voit tous les jours dans l’actualité ou presque.

A mon avis l’origine du mal remonte justement à la seconde guerre mondiale et au CNR, que De Gaulle n’appréciait pas du tout par ailleurs, y-voyant un attelage de résistants réfractaires refusant de restituer toutes ses prérogatives légales à l’Etat, d’opportunistes et de communistes cherchant avant tout à étendre leur influence dans la vie publique. D’ailleurs, De Gaulle n’a fini par approuver ce programme qu’en 1945, et pour des raisons purement politiciennes... avant de quitter le pouvoir.

Sous Pétain, les Français avaient subi au quotidien une propagande pernicieuse et démoralisante attribuant les causes de la défaite à une faillite morale de la nation (qui disculpait évidemment les élites de toute responsabilité). Puis à la libération, le pays a pris conscience de l’ampleur de la collaboration. Au discours sur la faillite morale de la droite s’est substitué un discours de la gauche sur la culpabilité collective qui a entretenu la mauvaise conscience des Français malgré le retour de la prospérité économique. Le pays avait failli avant la guerre, il avait fauté pendant. A partir des années 70, la gauche en perte de vitesse sur le plan social a commencé à exploiter ce ressentiment pour faire passer les lois pleven (ancien du CNR) et justifier l’immigration massive et le regroupement familial par des arguments moraux. Accepter cette immigration était le seul moyen de racheter la dette morale collective des Français.  

Après la guerre, les élites auraient dû au contraire chercher à restaurer avant tout le sentiment de dignité et de fierté du peuple, un peu comme un psy va chercher à restaurer l’estime de soi d’un dépressif, sans laquelle celui-ci ne pourra jamais se sortir de son état d’accablement et de prostration et commencer à se reconstruire. 
Or, qu’on fait les élites ? Ils ont renforcé le sentiment d’illégitimité et de haine de soi des Français. Au lieu de proposer au pays des défis collectifs, ils l’ont progressivement installé dans la médiocrité comme on installe une personne fragilisée dans un doux fauteuil moelleux. Au lieu de redonner le goût de la marche au peuple Français, on l’a allongé et plongé dans une psychanalyse collective infernale et débilitante sans fin ni autre objet que raviver des blessures anciennes ou les réouvrir, afin que cela ne cicatrise jamais, et toujours avec le prétexte de soigner le présent. 
On a fait comprendre aux Français qu’ils ne valaient collectivement plus
rien mais que l’Etat allait bien prendre soin d’eux individuellement. Personne ne serait heureux, mais personne n’aurait de raison de se plaindre puisque chacun aurait son emploi, sa maison, ses possibilités de consommation, etc. 
Tout ça a duré grosso modo jusqu’au début des années 80. Et puis la crise économique s’est installée, et la mondialisation a fait soufflé les vents du néolibéralisme. La psychanalyse se poursuivait mais l’Etat n’avait plus les moyens d’assurer à chacun le bonheur et la sécurité matérielle. On (la gauche) commença à expliquer aux Français qu’ils avaient trop compté sur l’Etat et qu’il leur fallait commencer à réapprendre à vivre debout sur leurs jambes. Et les Français découvrirent alors que leurs jambes ne pouvaient plus les porter, sans compter tous ceux qui se disaient "A quoi bon avancer, après tout, puisque nous sommes des merdes de collabo antisémite qui n’avons fait que du mal à travers l’histoire".

Quand on renonce totalement au surhomme, c’est le dernier homme qui advient. Et le dernier homme ne peut aspirer qu’au repos et à une vie relativement préservée du mal de vivre jusqu’à la mort, ou plutôt la disparition.

Même si toutes les sociétés occidentales ont connu ce mouvement, il n’y a qu’en France qu’il a pris une telle dimension existentielle, dont nous ne parvenons pas collectivement à nous sortir. Macron et une partie des élites ont pris conscience du problème, mais leur solution reste uniquement valide dans le cadre de la société néolibérale et de l’individualisme. Sur le plan culturel, on continue contre toute raison à charger la mémoire des Français et à entretenir le masochisme de la population.   

Les Allemands ont été confrontés à des problématiques similaires mais contrairement à nous, ils ont trouvé la solution en répondant à de grands défis collectifs dont les élites allemandes ont eu l’intelligence de ne pas protéger la population. Ces défis relevés avec un succès relatif ont été successivement :
la reconstitution d’une industrie puissante et d’une économie productive donc chacun puisse être fier
 la réunification 
— la restauration de l’image du pays
— la prise de contrôle des institutions européennes

Résultat, si les Allemands ont eux aussi des réflexes masochistes liés à la culpabilité collective, ils ont recouvré l’estime d’eux-mêmes et la confiance dans leur capacité sans laquelle un peuple ne plus exister et ne peut que logiquement s’enfoncer dans la rumination historique (fournie par Zemmour) et le ressentiment.

Donc il ne faut pas s’étonner de voir les Français se détourner massivement des souverainistes et des anti-UE, qui au lieu de proposer des défis et des changements difficiles, parlent aux Français comme à des grabataires, sans pour autant pouvoir leur apporter les garanties matérielles que les autres leur promettent à l’intérieur du système. Donc la formule est douublement perdante sur le plan politique. Ne prétends pas protéger les gens et en même temps être en dehors du système, ça n’a aucun sens ! Les Français ne sont pas idiots, ils comprennent que tu n’as pas les moyens de ta politique.
Philippot c’est une caricature de souverainiste social, je crois qu’il doit dire au moins 10 fois par minute le mot "social" ou "protection". Asselineau, c’est guère mieux, lui c’est l’obsession étatiste et l’illusion providentielle Ne vous inquiétez pas, je vous conduirai, je vous protégerai, on va refaire le CNR et peut-être le baptème de Clovis, on va remplacer les hauts-fonctionnaires européistes qui vous dirigent par des hauts-fonctionnaires opposés à l’UE...

Bref... 




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