@maQiavel
Je rappelle que le titre de votre article est « Les
bobos n’existent pas ».
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La sociologie ne lit pas dans quelle CSP sont les roux, les
trisomiques ou les extravertis, pourtant ils existent. Les sociostyles, même si
on les représente avec de camemberts, ne sont pas des segments de population,
mais des polarités. C’est du pastel avec plus ou moins d’eau, pas du feutre.
Je
peux m’habiller hypster, parce que mes amis le sont et je ne me casse pas la
tête avec les fringues, ou bien parce que c’est mon identité, ma tribu, le mode
de vie qui me ressemble : pourtant l’attitude passive et active seront
mise dans le même morceau de camembert. Jérôme Rodrigues, il est hipster ?
Tendance pirate ou bucheron ?
Vous
devriez lire « Les mouvements de modes expliqués au parents » de Olback, Soral et Pasche, un
vrai manuel de sociologie (vous pouvez l’avoir en pdf), vous verrez que ce n’est
pas un travail d’un comptable qui attribue chaque fait de gestion à un compte. La
sociologie interprète la mimèsis, qui commence en biologie, continue en
développement comportemental, cognitif, culturel et en univers de valeurs.
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Le premier marqueur du bobo est idéologique, cela a été bien
expliqué dans les commentaires. Un bobo ne vote jamais à droite, sauf barrage
contre le Pen. Selon la hauteur de revenu, les attitudes du bobo peuvent avoir
des raisons différentes, c’est pourquoi je complétais la gauche caviar avec
celle tarama.
Mais les smicards, intérimaires, prolos, ouvriers (quel mot choisir...) ne sont pas de mentalité bobo : ils s’intéressent plutôt à la
partie égalité que liberté de la devise républicaine. Raison pour laquelle ils votent Le Pen depuis
plus de 15 ans (pour ceux qui votent encore) si on analyse les compositions CSP
des votants aux élections passées : ils cherchent les valeurs de
protection et de fidélité ou solidarité, avant avec la classe sociale,
maintenant avec la nation. D’où le malaise avec les syndicats qui prétend les
représenter en étant anti-nationaux (pro-UE, confusion entre fascisme et nationalisme)
et antiracistes (pro-migrants qui viennent disputer leurs emplois déjà rares et
fragiles).
Quant-aux intermittents du spectacle, ce sont en général des enfants
de fonctionnaires ou des bourgeois de classe moyenne : ils portent donc l’empreinte
des valeurs dont ils sont issus. Les antifa sont d’ailleurs de même
descendance. Ils ont encore des parents, des relations, des biens qui leur permettent
occasionnellement d’aller au ski (en snowboard et chignon, car on se
singularise) ou de prendre l’avion. Alors qu’à revenus équivalents, les ouvriers,
iront à Disneyland avec les gosses ou voir Jauni avec les potes.
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On peut la refaire en perspective historique : les
bourgeois-bohêmes des littérateurs du XIXème siècle étaient de la moyenne bourgeoisie
rentière et un peu désœuvrée, au romantisme nourri des idéaux révolutionnaires,
des feux de l’empire napoléonien et de la France champêtre déjà menacée par le
révolution industrielle, ou encore de l’engouement à l’exotisme avec l’égyptologie
apportée par les conquêtes napoléoniennes et les traductions de Champollion,
jusqu’à Joséphine et les années folles de la France coloniale.
Ce romantisme a
été actualisé par les étudiants de mai 68 et l’expression est devenue « bobo »
depuis la disruption mitterrandienne entre le socialisme et le sociétalisme.
Les bobos sont moqués par ceux qui pensent avoir compris l’embrouille.