On parle volontiers Inquisition, à propos de cet interview du "Média", auquel il faut bien le dire, le GJ Etienne Chouard
s’est comporté penaud & très piteusement ; surtout compte-tenu de sa censée envergure politique que j’ai contestée -pour ne pas dire plus— à maintes reprises, ici-même, depuis 4 ans que je traine par ici !
Cela ne veut pas dire, en aucun cas, qu’Etienne Chouard
ne dise que des conneries ; loin s’en faut ; on pourrait même apprécier ce personnage atypique de la société française qui doit, étant donnée sa rareté, être préservé à tout prix, quelles que soient ses faiblesses abyssales qu’il montre parfois dans ses joutes oratoires, notamment quand il pratique le corps à corps avec des loubards de la politique ; exercice pour lequel, d’évidence, il n’est pas bâti !
Nonobstant mon opinion, il m’a paru intéressant ici de donner la parole à un collègue de Ago.fr qui a d’évidence chiadé son papier, et qui a justement intitulé son article :
Inquisition
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Inquisition
par Bernard Mitjavile (son site)
samedi 15 juin 2019
Sans qu’ils en soient conscients, certains journalistes sont devenus les dignes successeurs des inquisiteurs du Moyen-Âge dans leur défense du politiquement correct.
Ainsi récemment, je suis tombé sur l’interview d’Etienne Chouard, personnalité du mouvement des gilets jaunes par deux journalistes de « Le Média », média dont j’ignorais jusqu’alors l’existence. Je n’ai pas été déçu.
On pouvait s’attendre après les Européennes à une discussion sur le futur du mouvement des gilets jaunes face au renforcement apparent du gouvernement dont les membres semblaient ragaillardis par leur place de second aux élections.
Mais on s’est vite retrouvé dans une atmosphère de procès d’inquisition qui n’avait plus rien à voir avec l’actualité politique ou économique. Il s’agissait de combattre « les idées fascistes ». Chouard a d’abord était questionné sur ses liens avec d’autres suspects, dans ce cas A. Soral, un classique des procès en hérésie, l’hérétique (Cathare, Vaudois, protestant ou autres) étant en général en relation avec d’autres hérétiques et pouvant être condamné pour son association avec eux.
On peut toujours trouver des points d’accord avec quelqu’un, ainsi Soral soutient des campagnes contre la pédophilie et la pornographie, on peut approuver cela sans être d’accord avec ses autres idées mais ce qui était remis en question était simplement la possibilité d’un dialogue respectueux avec quelqu’un dont on ne partage pas les idées. On retrouve le parallèle avec les procès en hérésie, ainsi les Vaudois étaient dans l’ensemble des braves gens, plutôt plus généreux et meilleurs chrétiens que le reste des catholiques, mais avoir simplement de bon liens de voisinage dans le sud de la France et dialoguer avec eux (ou avec des Cathares) faisait rapidement de vous un suspect d’hérésie.
Chouard déclara qu’il y avait de l’intérêt à discuter avec des gens de divers bords, un royaliste « ou même un fasciste », ce qui paraît une évidence mais n’avait pas l’air du goût des deux journalistes. Pour ces derniers, si « basculer aujourd’hui dans le fascisme » était quelque chose de tragique, basculer dans le communisme ou le gauchisme ne semblait poser aucun problème et si l’extrême droite a des idées intéressantes, c’est qu’elle a « vampirisé la pensée de gauche », la gauche étant source de toute pensée intelligente et sociale comme l’ont bien montré les représentants du PS aux Européennes.
Les deux interviewers parlaient de façon répétée du « fascisme » sans se donner la peine d’expliquer clairement ce qu’ils entendaient par là et étant sans doute dans l’incapacité de le faire.
Mais, tout ceci n’était qu’un hors d’œuvre, Chouard ayant dit imprudemment une évidence, à savoir que les historiens se trompaient et que la connaissance de l’histoire progressait par des remises en cause, notre gilet jaune s’est vu soudainement demandé « s’il avait un doute personnel sur l’existence des chambres à gaz » (appréciez l’aspect religieux de la question). Chouard s’est enfoncé en répondant « ce n’est pas mon sujet, j’y connais rien » et on s’est retrouvé dans un grand classique des procès de la Sainte Inquisition : on demande à l’inculpé de dire s’il a un doute sur un article de foi tout en lui laissant entendre que s’il n’adhère pas au bon crédo, il risque l’exécution par le bûcher, dans ce cas le bûcher médiatique, c’est-à-dire l’élimination des médias mainstream ou sa marginalisation avec une étiquette d’antisémite qui lui collera à la peau pour le restant de ses jours, discréditant toutes ses idées passées, présentes et futures concernant la politique, l’économie ou la société, sans compter les poursuites judiciaires subséquentes.
On voyait clairement l’élément religieux de la question : quand Chouard dit qu’il n’est pas un expert, on lui a aussitôt répondu qu’il ne s’agissait pas d’être expert, de s’intéresser à l’histoire, on croit aux chambres à gaz ou pas, un peu comme il fallait croire dans le passé à la Trinité ou à la transsubstantiation sinon on risquait de sérieux ennuis. Chouard a cru s’en tirer en ajoutant par la suite « Oui, j’ai aucun doute » mais bien sûr, venant après son « c’est pas mon sujet », la sincérité de cette rétractation, comme dans les procès d’inquisition a été mise en cause par les deux journalistes. On avait à faire à « un relapse » comme Jeanne qui fut condamnée en tant qu’hérétique et relapse par l’évêque Cauchon et frère Jean le Maître, vicaire de l’inquisiteur de France à Rouen.
Les deux inquisiteurs/journalistes ont essayé d’amadouer Chouard : « A ton niveau de popularité, tu peux me répondre, mais je trouve quand même dingue que tu dises, je ne sais pas », dit l’un parlant confusément de « confusianisme » et autres fautes graves reprochées au gilet jaune.
Une interview suppose que l’interviewé puisse répondre sincèrement et honnêtement aux questions, or comment répondre sincèrement à une question si l’on est simultanément menacé de représailles juridiques ou autres et de toute façon, on pourra toujours douter de la sincérité de l’interviewé à cause de la crainte des sanctions. Les « hérétiques » comme les résistants pendant la guerre ou les communistes des procès de Moscou ne pouvaient que mentir face à l’inquisition, le NKVD, KGB et autre Gestapo, essayant de sauver leur peau ou celle de leurs camarades comme ils pouvaient pour parfois finir par avouer sous l’effet de la torture. On ne peut vous demander honnêtement si vous « croyez » à quelque chose dans la mesure où une réponse négative vous expose à des poursuites judiciaires, ce qui est le cas en France depuis l’application des lois dites mémorielles initiées par un certain Gayssot, à l’époque député communiste et donc expert patenté en démocratie et liberté d’expression.
Il était clair que lors de cet interview, il ne s’agissait pas de mieux comprendre l’histoire, le contexte du génocide juif et ses origines, de parler de la conférence de Wannsee au cours de laquelle on discuta des moyens de la mise en œuvre de la solution finale ou autres, il s’agissait de dire que le mouvement des gilets jaunes comptait en son sein et parmi ses figures de proue des éléments d’extrême-droite antisémites, et donc de l’étiqueter et de le discréditer. Pourtant, le génocide des juifs est un fait historique et doit donc être discuté en tenant compte des évènements historiques, on ne peut dire comme le fait l’un des interviewers qu’il s’agit simplement d’y croire ou pas.
On sort de ce genre de débat avec un certain malaise mais cela amène à réfléchir à combien les lois dites mémorielles ont fait reculer la liberté d’opinion et d’expression en France. En limitant la possibilité de débats ouverts et francs comme ce devrait être le cas dans une démocratie, loin de lutter contre le racisme et l’antisémitisme, elles créent au contraire les conditions d’une radicalisation des positions, de développement de communautarismes et elles portent atteinte aussi bien à la liberté qu’à la fraternité et à l’égalité, ces valeurs fondamentales de la République.
En conclusion, il y a bien des raisons pour être en désaccord avec les gilets jaunes et j’ai exposé les miennes au début du mouvement, voyant de l’incohérence dans leurs revendications et une certaine démagogie (voir https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/c-est-l-etat-qui-paye-210399) mais essayer de les discréditer par ce genre de méthodes amènerait plutôt à sympathiser avec eux
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