@Joe Chip
« D’ailleurs, ce n’est pas le
moindre paradoxe des contempteurs du clivage gauche-droite que de
continuer à passer leur temps à utiliser ces termes de façon
caricaturale et à dénoncer obsessionnelllement des "gauchistes" tout
en s’indignant dès lors que l’on traite un type de "droitard". »
------> C’est ce que je dis souvent. Si
ceux qui prétendent que la gauche et la droite n’existe plus allaient au bout
de leur logique , ils ne dénonceraient plus la gauche ou les gauchistes puisque
ça ne devrait pas exister. Or , on constate que beaucoup parmi eux continuent de
s’attaquer au gauchisme et à le désigner comme la racine de tous les maux. Et
bizarrement , ce n’est que lorsqu’on critique la droite ou des droitards que
tout d’un coup ils vous tombent dessus pour affirmer que ce clivage n’existe
pas . En bref , lorsqu’il s’agit de critiquer
les gauchistes là le clivage existe mais lorsqu’il s’agit de critiquer les
droitards il n’existe plus . Il n’est pas difficile de comprendre que
l’argument de l’inexistence du clivage G /D est parfois ( mais pas toujours ) instrumentalisé idéologiquement par des gens de droite qui se permettent
de critiquer la gauche mais qui refusent que leur propre camp soit aussi critiqué …
« Par
conséquent, dire que la gauche et la droite n’existent plus est plus indicateur
de l’humeur ou des désirs de la personne qui émet un tel jugement, que
d’une réalité ».
------> C’était mon cas il y’a quelques
années. Je disais que la gauche et la droite n’existent plus parce que j’ai une
approche populiste de la société et que par conséquent , pour moi le clivage légitime se situe entre le peuple et l’oligarchie , entre souverainisme et mondialisme , je
pensais que ce clivage devait rendre obsolète tous les autres. Je
considérai que la G et la D n’étaient que des étiquettes archaïques manipulées
par le cirque médiatico-politicien qui n’avaient pour fonction que d’horizontaliser
les luttes et empêcher la jonction populiste que je désirai ( et que je désire toujours par ailleurs ).
Mais avec le temps , je me suis rendu compte
qu’il s’agissait plus de mon aspiration politique personnelle que de la réalité concrète , j’ai compris que l’existence du clivage peuple /oligarchie ne rend pas pour autant obsolète
le clivage G /D : plusieurs clivages peuvent coexister parallèlement.
« il ne faut pas surinvestir la
sémantique pour résoudre une fausse complexité et alimenter des débats
inutiles autour de la définition ou de l’interprétation des mots. Ce qui
compte, c’est la réalité (évolutive) à laquelle ces mots renvoient, pas les
débats que nous pouvons avoir sur le sens plus ou moins figé des mots ».
------> Sur le plan de la sémantique , en
ce qui me concerne je ne fétichise pas les mots , j’ai une approche fonctionnelle
du langage , les mots n’ont pas de puissance magique ou d’essence pour moi , ils ne sont que
de simples outils de communication que chacun est libre
d’appliquer à l’usage qu’il souhaite à condition qu’il s’explique sur le sens
qu’il leur donne.
Nous vivons depuis à peu près 500 ans
une révolution aussi importante que la révolution néolithique qu’on nomme parfois
la « Modernité » et qui a pour caractéristique de transformer les
structures sociales en permanence. Cette modernité va faire naitre un clivage entre
deux tendances : celle qui est favorable à ces transformations et celle
qui leur résiste. La Modernité étant mouvement permanent , le clivage auquel
elle a donnée naissance se reconfigure lui aussi en permanence en fonction du
contexte , c’est de là que nait la difficulté de donner un contenu clair et net
à ses composantes. Cependant , si leurs valeurs antagonistes se réactualisent constamment ,
on peut retrouver quelques principes antagonistes intemporels au sein de ces tendances.
Dans les circonstances particulières de
la révolution française , la première tendance a été appelée « gauche »
et la seconde « droite ». En Angleterre , le nom qu’on a donné à ces
tendances était « Whig » et « Tory ». Dans d’autres lieux
et époques , on retrouve des noms différents pour qualifier le même clivage. Si
aujourd’hui on trouvait de nouveaux mots pour qualifier ces tendances , cela ne
me dérangerait pas si ce sont bien ces tendances qu’ils désignent.