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maQiavel maQiavel 2 août 2019 08:07

@Joe Chip

Théoriser souveraineté et puissance séparément est une nécessité puisque ces deux concepts ne renvoient pas à la même chose. Lorsque la Russie fabrique des armes hypersoniques , c’est sa puissance qu’elle développe. Le droit de décider par elle-même de sa politique industrielle militaire relève cependant de sa souveraineté. Quand la France cède ses turbines nucléaires à un groupe américain , c’est sa puissance qu’elle sape , cette affaire n’a rien à voir avec une perte de souveraineté , ce genre d’interprétation est liée à une confusion entre ces deux concepts.

C’est la puissance qui est mesurée dans un jeu de relation et de contraintes et non la souveraineté ( c’est précisément ce que j’expliquais à l’époque ) , un Etat est toujours puissant par rapport à d’autres Etats, la puissance en soi n’a pas de sens politiquement parlant , elle ne peut être évoquée que dans une optique comparative au sein d’un système hiérarchique. La souveraineté , quant à elle , ne fait référence qu’au corps politique en lui-même , c’est un concept en soi : une communauté politique n’est pas plus ou moins souveraine qu’une autre , elle est souveraine ou elle ne l’est pas , et si elle ne l’est pas , c’est qu’elle n’ a pas le droit de décider d’elle-même de ses actions. Par ailleurs de minuscules puissances peuvent être souveraines et de grandes puissances peuvent ne pas l’être , inversement de grandes puissances peuvent être souveraines et des petites puissances peuvent ne pas l’être. Et ça , c’est quelque chose que ne peuvent pas percevoir ceux qui ont une conception tellement extensive de la souveraineté qu’ils y intègrent des paramètres relevant de la puissance. C’est d’ailleurs cette confusion qui fait qu’on évoque la souveraineté à tout propos et que ce concept connait cette inflation qu’on voit aujourd’hui , il ne veut plus dire grand-chose dans le discours public et concomitamment le concept de puissance a quasiment disparu.  Par exemple , la question de la pseudo -extraterritorialité du droit américain est typiquement une question qui relève de la puissance et serait l’occasion de développer un vrai discours dessus mais les gens préfèrent hurler « souveraineté » , « souveraineté » comme un mantra , c’est devenu un concept fourre-tout qui me fait de plus en plus penser à « démocratie » , à force de tout mélanger le discours ambiant sur la souveraineté ne permet même plus de penser la puissance et de formuler des propositions adéquates pour l’accroitre.

 

La corrélation entre souveraineté et puissance n’existe que dans la mesure ou un Etat qui perd sa souveraineté a plus de chances de perdre aussi sa puissance ( ou de ne jamais la développer ) qu’un Etat qui la conserve et que la puissance est un moyen de préserver sa souveraineté. Je ne vois pas ce que l’autarcie vient faire ici , je ne confonds pas souveraineté et autarcie , je ne suis pas un autarcique , ce n’est pas parce qu’on est pour le droit d’une communauté politique à décider d’elle-même de son destin qu’on est pour qu’elle se renferme sur elle-même en vivant seulement de ses propres ressources. Encore une fois cette conception exclusivement autarcique de la souveraineté n’est possible qu’en faisant une confusion entre souveraineté et puissance : puisqu’établir des relations avec d’autres entraine des contraintes et que les contraintes sont forcément une perte de souveraineté ( ce qui est faux ) , alors seule l’autarcie permet la souveraineté puisqu’elle supprime les contraintes extérieures. Ce genre de pensée n’a pas de sens quand on distingue souveraineté et puissance.




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