@Conférençovore
Je peux être
con et inculte, comme n’importe qui peut l’être à un moment donné ou être un
peu moins con à un autre moment, comme n’importe qui.
Non, je ne
pense pas que les idéologies émaneraient du néant ou que lois et pratiques ne
seraient que pures abstractions. Voilà comment je le formule : je ne crois
pas que les idéologies soient des êtres qui ont une existence ontologique
indépendante des individus et dont on pourrait déduire une essence. Je ne dis
pas que je suis convaincu que les idéologies ne sont pas cela, mais plutôt « je
ne crois pas », parce que ma posture sur ce sujet spécifique est
agnostique, je ne peux ni affirmer ni infirmer l’existence ontologique des
idéologies, donc jusqu’à preuve soit faite que ce sont des êtres qui existent
réellement indépendamment des individus, je ne peux pas faire du postulat de
leur existence ontologique une grille d’analyse rationnelle.
Jusqu’à ce
que la preuve soit apportée, je
considérerai qu’une idéologie ( qu’elle soit religieuse comme l’islam, le christianisme,
le judaïsme, le rastafarisme ou pas comme le communisme, le nazisme, le libéralisme
etc) est une abstraction ( et non pas un être concret avec une volonté, des
projets, des sentiments, un comportement etc) qui a plusieurs déclinaisons
selon la manière dont l’intelligence des individus qui s’en réclament s’en
saisi et qui se manifeste par des croyances, des convictions, des pratiques et
des interactions sociales parfois très différentes, ce qui n’est guère étonnant
puisque les individus sont différents. Pour le dire autrement, les religions
sont ce que les individus en font et elles se présentent différemment selon les
époques, les lieux, les conditions sociales etc. dans lesquels vivent ces individus. Voilà ce qu’on
peut déduire de l’observation des sociétés humaines.
Cela a pour
conséquence que je ne pars pas d’un corpus scripturaire d’une religion donnée pour
en déterminer l’essence, comme si c’était un être qui flotterait dans les airs,
nulle part et partout à la fois, pour ensuite plaquer cette essence sur chaque individu
se réclamant de cette religion. A l’inverse, je pars des pratiques religieuses telles
qu’elles se manifestent réellement dans l’espace social c’est-à-dire dans leur
diversité et j’essaie de comprendre comment le pratiquant les justifie et
comment il les légitime vis-à-vis du corpus scripturaire.
Pour donner des exemples concrets, lorsqu’un
jihadistes tue au nom de sa religion en s’inspirant de textes de la tradition
musulmane, je ne dirai jamais « cépasalislam » car de toute évidence,
c’est la façon dont cet individu concevait sa religion. Mais à l’inverse, si
une personne me dit « l’islam est une religion de paix et d’amour »,
je ne me moquerai pas d’elle surtout si le comportement de cette personne
correspond à sa déclaration, c’est aussi la façon dont cet autre individu conçoit
sa religion. Finalement l’islam est ce que l’individu qui s’en réclame ( donc
le musulman) en fait.