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maQiavel maQiavel 27 octobre 2019 17:46

@Laconicus

Ce n’est clairement pas ainsi que je vois la France idéale. Puisqu’on en vient à parler d’idéalisme, je partage les idéaux de personnes qui m’ont forgé intellectuellement tels que Rousseau, Machiavel et d’autres, pour moi une société idéale serait celle dans laquelle les individus seraient animés par l’amour de leur patrie, unis par une solidarité collective et vivraient ensemble harmonieusement. Et évidemment, un tel résultat ne pourrait être obtenu que par la parfaite unicité des mœurs, une telle société n’aurait pour ainsi dire pas besoin de lois. Dans la France idéale telle que je la conçois, tous les citoyens seraient frères, égaux et ne reconnaitraient aucun maitre ( en ce sens je rejette l’idéal de la République de Platon qui participe aussi de ces utopies d’unicité de la cité mais avec une dimension hiérarchique et totalitaire qui me répugne). Cette France serait forte et absolument réfractaire à la subversion de ses ennemis.

Seulement, c’est là une utopie, entre la société telle que se présente à nous et la société telle que nous voudrions qu’elle soit, il y’a un gouffre. Et il y’a quelque chose qu’il faut vite comprendre si on veut pénétrer dans l’univers du réalisme politique, les politiques qui réussissent sont celles qui savent s’adapter au monde tel qu’il se présente à nous, en revanche celles qui persistent à vouloir élargir la réalité aux dimensions de leur rêve échouent. La pulsion qui consiste à vouloir transformer le monde pour lui donner la forme idéale qu’on a construit dans son propre esprit n’est pas seulement inutile, elle est dangereuse et à l’origine de nombreuses catastrophes humaines. Moi les idéalistes me font peur. Cela ne veut pas dire que les idéaux ne servent à rien, ils sont importants et représentent en quelque sorte des phares incandescents qu’on voit au loin, que nous n’atteindrons jamais mais qui éclairent nos actions politiques.

Et dans notre monde, particulièrement dans les sociétés qui contiennent une grande masse d’individus, l’homogénéité communautaire, l’identité et l’idéologie unitaire au sein d’un corps politique n’existe pas. Les sociétés sont hétérogènes, divisées en groupe sociaux, idéologiques, ethno-communautaires distincts et traversées par des conflits. Et concernant la France, les politiques d’immigration massive débiles qui ont eu lieu depuis des décennies n’a fait qu’aggraver ces divisions. Et il faudrait vraiment vivre dans un monde parallèle pour considérer que le pays ne changerait pas par l’arrivée de plusieurs millions d’individus venant d’autres contrées.

Une fois ce cadre posé, est ce que votre description, celle d’une France soit un pays où plusieurs communautés religieuses ( ou non ) cohabitent tranquillement et visiblement sans que cela pose de problème de séparatisme communautaire dans les intersections républicaines où il s’agit pour chacun de se comporter en bon citoyen de la même nation, est-il le pire des scénarios ? Existe-t-il des scénarios alternatifs ? Si oui, lesquels ? Si on veut être prudent, il y’a deux solutions :

-Soit on éradique, le plus rapidement et férocement possible, ce qu’on considère être une faction ennemie de la nation, pour qu’elle ne se retourne pas un jour contre la communauté nationale.

-Soit, on essaie de réellement intégrer tous les individus à notre société et ça peut déboucher sur votre scénario.

-Mais les demi-mesures qui consistent faire subir des vexations politico-juridiques sont les pires car elles peuvent engendrer à long terme d’une menace véritablement existentielle qui n’est pas aujourd’hui. Chercher à contrôler les corps, les pensées, les comportements par des mesures juridiques est la pire solution qu’il soit si on veut que les forces centripètes l’emportent. Non seulement, cela débouchera sur une société détestable pour tout le monde tellement elle ne laissera plus de marges aux libertés individuelles mais en plus, c’est la meilleure manière pour que ceux qui sont ciblés par ces mesures se sentent persécutés et finissent par faire réellement communauté à part et allégeance à des puissances hostiles, c’est un effet pervers prévisible qui, ceci dit en passant, constituait la stratégie de l’EI, lorsque cette organisation a réalisé des tueries sur notre territoire, ce n’était pas juste pour le plaisir de tuer des gens, il y’avait un objectif stratégique derrière.

Je prends acte de l’hétérogénéité, l’art politique ne consiste pas à fantasmer sur une soi-disant concorde naturelle mais à surmonter les conflits. Et il ne faut pas s’illusionner, il faut travailler durement pour arriver à un modus vivendi, et celui-ci ne se maintient pas éternellement, c’est une lutte de chaque instant qui requiert en permanence des efforts politiques collectifs et des talents politiques individuels. 

Je considère que s’il y’a réellement une lutte sociale à mener pour que les forces centripètes l’emportent sur les forces centrifuges, elle doit avant tout être culturelle ( et vous avez donné des pistes plus haut sur l’éducation pour ne prendre que cet exemple). 




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