@Conférençovore
Le fait que
le voile exprime un principe inégalitaire est ton interprétation et beaucoup de
femmes voilées ne sont pas d’accord avec cette lecture. Par ailleurs, des féministes
prétendent aussi que le rouge à lèvre ( et le maquillage au sens large), les
talons aiguilles ou les jupes sont des symboles inégalitaires produits par la
société patriarchale. Faudrait-il également interdire ces éléments aux accompagnatrices
en se fondant sur leurs interprétations ? Là on est HS, à moins de
chercher à faire de la personne morale qu’est l’Etat le premier théologien de France
( ce qui serait cette fois véritablement contraire aux principes laïcs) qui décrète
le vrai en matière d’interprétation des dogmes religieux, laissons la confrontation
des interprétations religieuses aux débats abstraits qui animent les prêtres,
les rabbins, les imams, les pasteurs etc., et respectons les athées qui ne se
sentent pas concerné par ce qu’ils considèrent être des balivernes, et qui pour
beaucoup ne veulent pas entendre parler de ces histoires.
Par contre,
l’argument qui consiste à considérer l’accompagnant comme une extension du
service public est à mon sens, très bon. C’est aussi comme ça que je vois les
choses et c’est pourquoi je les considère comme des agents publics et par
conséquent astreint au principe de neutralité. Seulement je n’ai pas de
certitudes et il y’a de solides contre arguments pour lesquels je n’ai pas de
réponses. Par exemple, les contradicteurs expliquent que les accompagnants ne
sont pas des employés de l’éducation nationale, ils aident bénévolement à la
logistique, et non, par exemple, à commenter un tableau dans un musée visité
par une classe d’élèves. Dès lors, selon eux, les parents accompagnateurs de
sorties scolaires restent des usagers et ne sont donc pas soumis au principe de
neutralité, la mission de service public de l’éducation n’étant exercée que par
l’enseignant. J’entend aussi ce contre argument. Je suis donc plutôt d’accord
avec toi là-dessus mais je ne suis pas encore en mesure de trancher, pour moi
le débat reste ouvert et en fonction des arguments je peux conserver mon avis ou
le changer.
Pour ce qui
est de l’interdiction des signes religieux, nous sommes diamétralement opposés
et on en a déjà débattu, je ne vais pas revenir là-dessus. Mais premièrement,
une telle interdiction n’aurait rien à voir avec la laïcité et deuxièmement,
puisque le but que tu te fixes est d’apporter de la cohésion sociale ( selon
moi ta méthode ne fera qu’accentuer la ruine du dit « vivre ensemble »
mais soit, supposons), pourquoi cherches-tu à limiter cette interdiction aux bâtiments
publics ? Pourquoi ne préconises-tu pas cette interdiction à l’ensemble
des bâtiments, publics comme privés, et pourquoi pas, à l’ensemble de la voie
publique ? Là je ne comprends pas ta logique. C’est juste tactique, c’est-à-dire
un premier pas ne se voulant pas trop brutal avant d’entrer dans le vif du
sujet ? Ou alors il y’a une autre raison ?
Pour ce qui
est des offuscations, des uns et des autres, je n’ai rien contre tant qu’elles
ne débouchent pas sur une demande de restriction des libertés individuelles.
Après tout, on a le droit d’être offusqué. Donc le fait que la femme voilée prétende
que sa vie est détruite ne me dérange pas, après tout elle n’a pas demandé à
faire interdire les critiques du voile ( et là effectivement je l’aurai mal
pris). Par contre, ceux qui proposent des interdictions, par exemple du port de
signes religieux, parce que ça les heurte, me tapent sur le système, qu’ils
aillent se réfugier dans des safe space expurgé de signe religieux si voir une
croix, une kippa ou un voile les perturbent tant que ça mais qu’ils arrêtent d’emmerder
des gens qui ne leur ont rien demandé. Et j’aurais la même réaction pour des
gens qui demanderaient l’interdiction de vêtements sur lesquels il serait écrit
« je suis athée et je pisse sur les religions ».