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Joe Chip Joe Chip 14 décembre 2019 15:54

@maQiavel

Ce sont les boomers, pas les "bommers" 

Sinon sur le fond cet argument est réversible, on peut aussi l’interpréter dans le sens d’un égoïsme grandissant d’une partie de la jeunesse. Ce qui est vraiment préoccupant, c’est la fracture entre des catégories de la population dont les intérêts ne sont pas ou ne devraient pas être opposés dans le champ politique.

Les libéraux poussent d’ailleurs actuellement la jeunesse à dénoncer les privilèges réels ou supposés des baby-boomers. Le pire, c’est l’accusation d’avoir épuisé les ressources et l’environnement qui prête à sourire quand on connaît les comportements de consommateurs compulsifs de cette génération et leurs addictions multiples à travers le numérique (hyperpolluant, énergivore et néfaste pour l’environnement).

On voit bien l’arnaque : convaincre des jeunes dont les possibilités d’insertion se réduisent et les conditions de vie se précarisent que leurs difficultés sont liées à des privilèges délirants que les générations précédentes se seraient octroyés sur le dos des générations suivantes, épuisant les ressources et les systèmes sociaux. Avec derrière ces "memes" apparemment ironiques et légers la tentation bien réelle pour les élites de jeter les catégories sociales les unes contre les autres, les jeunes contre les vieux, les "z" contre les "boomers", les "mâles blancs" contre la "diversité" ; ce serait l’ultime échappatoire d’un système à bout de souffle pour justifier les arbitrages des politiques d’austérité sans les remettre en question, et détruire une bonne fois pour toute le modèle social français basé sur la notion de de solidarité intergénérationnelle pour le remplacer par un vrai modèle individualiste où chacun capitalisera pour son propre compte, qu’il s’agisse de protection sociale ou de retraite (à points d’abord, puis le système va évoluer progressivement vers la capitalisation individuelle). 
 
Parmi les "boomers" beaucoup n’ont pas eu les opportunités qu’ont actuellement la jeunesse et ont le sentiment d’avoir passé une vie au travail sans rien demander en retour. Certains répondent  non sans légitimité  qu’ils n’ont pas fait d’étude et se sont contentés de prendre les opportunités qu’il y avait autour d’eux. Sans même parler des années consacrées au service militaire... qu’est qu’il dirait les gamers de la génération Z si on les prenait par la peau du cul pour les coller pendant un an ou deux dans un dortoir et jouer aux bidasses ? La démocratisation des études supérieures, perçue comme un phénomène positif, a aussi décuplé la concurrence à l’entrée du marché de l’emploi alors qu’il n’y a plus assez d’emplois "intellectuels" à pourvoir dans les grandes villes avec l’informatisation et la rationalisation des services. En outre, cette démocratisation s’est accompagné aussi d’un nivellement par le bas, tout particulièrement en France où le niveau s’est effondré en 40 ans dans les matières fondamentales.

Les "boomers" ont consommé, certes, mais c’est aussi le système qui s’équilibrait de cette manière. Comme l’écrivait Baudrillard "comme la société du Moyen-Âge s’équilibrait sur Dieu ET sur le diable, ainsi la nôtre s’équilibre sur la consommation ET sur sa dénonciation."

Ce n’est pas le moindre paradoxe de tous ses jeunes qui croient par exemple échapper à l’hyperconsommation alors qu’ils ont accès quasiment gratuitement et de manière instantanée à une infinité de biens de consommation pour lesquels il fallait payer et bien souvent économiser autrefois. 
 
On pourrait aussi citer tous les services sociaux et publics assumés désormais par la génération des baby-boomers : garde des petits enfants, financement des études, aide matérielle ou financière... 

La querelle des jeunes et des vieux, c’est donc vieux comme le monde et une condition aussi du renouvellement des modes de pensées. La nouveauté, c’est cette notion de parasitisme générationnel associée à des préoccupations climatiques.

Moi je suis très soft, si vous écoutiez ce que les gens de mon âge disent des bommers, vous n’en reviendriez pas. Même les propos des identitaires sur les maghrébins sont moins outranciers. Beaucoup en arrivent même à fantasmer des canicules records et comptent sur le réchauffement climatique pour régler rapidement la question, c’est pour dire. 

Ouais, en gros leur truc c’est le socialisme attalien. Une société hyperindividualiste où la démographie doit servir de variable d’ajustement au marché. Le problème, c’est que les jeunes finissent par devenir vieux à leur tour donc...




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