Aristote a fait beaucoup de mal à la progression de la science, il a été considéré pendant des siècles comme la référence absolue par les penseurs grecs, romains, syriaques, perses, arabes dans le monde des sciences.
Le monde
aristotélicien des philosophes grecs repose essentiellement sur les
quatre éléments (feu, terre, eau, air) composant le monde, les
trajectoires rectilignes du monde corrompu sublunaire, et parfaitement
circulaires dans le monde pur de l’au-delà, la théorie des humeurs en
médecine (Galien, Hippocrate). Ces dogmes présentent des incohérences
totalement irrationnelles du point de vue de la formulation
mathématique et du raisonnement scientifique car ils reposaient uniquement sur une position empirique.
Plus foncièrement, ce paganisme hérite du monisme,
les Dieux et la nature ne forment qu’une seule et même entité, qui ne
peut donc être soumise à des lois rationnelles et scientifiques.
Cette théologie issue du
paganisme, qui freine le développement scientifique depuis des siècles,
va être combattue de manière radicale par l’Église catholique.
Le 7 mars 1277, l’évêque de Paris, Étienne Tempier, condamne la doctrine d’Aristote en relevant "219
erreurs exécrables que certains étudiants de la faculté des arts ne
craignent pas de traiter et de discuter dans les écoles".
Pour
le physicien, chimiste, épistémologue et historien des sciences du
début du XXème siècle Pierre Duhem, cette condamnation d’Étienne Tempier
promulguée à l’Université de Paris marque le début du rationalisme
scientifique :
"S’il nous fallait assigner une date à la
naissance de la science moderne, nous choisirions, sans doute, cette
date de 1277...Comprise comme une condamnation du nécéssitarisme grec,
elle conduira nombre de théologiens à affirmer comme possibles, en vertu
de la toute-puissance du Dieu chrétien, des positions scientifiques et
philosophiques traditionnellement jugées impossibles en vertu de
l’essence des choses...La notion d’un Dieu théologiquement puissant a
libéré les esprits du cadre fini où la pensée grecque avait inclu
l’Univers."
Au
moyen-âge, l’Inquisition combat l’hérésie païenne, le druidisme, le
paganisme, la sorcellerie et la magie, elle va alors représenter une
étape fondamentale pour démystifier les sciences occultes. L’Inquisiteur
Bernard Gui au XIII-XIVème siècle explique dans son "Manuel de
l’Inquisiteur" que :
"La peste et erreur des sorciers,
devins et invocateurs des démons revêt, en diverses provinces et
régions, des formes nombreuses et variées en rapport avec les multiples
inventions et les fausses et vaines imaginations de ces gens
superstitieux qui prennent en considération les esprits d’erreur et les
doctrines démoniaques."
Pour éliminer ces pseudo-sciences, la punition consistait essentiellement en la prononciation de formules d’abjurations, par exemple :
"J’abjure toute divination ou invocation des démons, surtout quand elle comporte à l’adresse de ces derniers un témoignage de vénération ou d’adoration, des marques d’hommage, l’offrande d’un sacrifice ou l’immolation d’une victime."
Bernard Gui, "Manuel de l’Inquisiteur"
Les universités catholiques qui dispensent l’enseignement
scientifique et se construisent alors sur toute l’Europe occidentale,
sont à la charge de théologiens, prêtres, chanoines, abbés, soeurs,
ordres catholiques bénédictins, cisterciens, franciscains,
dominicains,... dans la hiérarchie du Pape de Rome.
C’est l’unité
catholique de l’Europe qui permet par exemple à un Nicolas Copernic
d’étudier dans l’université de Cracovie dans le royaume de Pologne, puis
dans celles de Bologne, Rome, Padoue, Ferrare en Italie.
Ou à un Nicole Oresme,
évêque de Lisieux formé au collège de Navarre fondé en 1304 par Jeanne
reine de Navarre, d’établir la loi fondamentale du mouvement rectiligne
uniformément accéléré, à savoir que si la vitesse à l’instant zéro est
nulle, la distance parcourue est proportionnelle au carré du temps.