La première
critique de Lordon est brutale, Picketty s’est fait défoncer.
Mais c’est
vrai qu’il y’a de grosses faiblesses théoriques dans le dernier bouquin de Picketty.
Personnellement, j’ai été très mal à l’aise avec sa conception des idéologies,
c’est comme s’il les considéraient comme des objets, voir des êtres autonomes.
Généralement, les gens qui tombent dans ce travers de la réification ont la fâcheuse
tendance à penser les idéologies hors contexte social mais ce qui est bizarre c’est
qu’avec Picketty, ce n’est pas du tout le cas, il étudie le fait social et tente
de le décrire le plus précisément possible. J’ai trouvé ce paradoxe très étrange,
comment une personne qui étudie aussi sérieusement le fait social peut-elle avoir
une posture aussi essentialiste et en arrive à postuler que le conflit politique
entre les grands détenteurs de capitaux et le reste n’est pas lié aux
structures sociales mais est avant tout une question idéologique ? Du coup,
je me retrouve complètement dans la critique qu’a fait Lordon à ce sujet.
Cela dit,
pour moi, le grand intérêt du livre de Picketty, c’est avant tout l’ampleur de
son travail statistique et historique, ainsi que ses propositions politiques
concrètes et non pas sa théorisation du régime propriétariste qui a certes beaucoup
de faiblesses mais qui relève selon moi d’un débat d’intellectuels qui n’a pas
vraiment d’intérêt pour le quidam qui se prend dans la tronche les conséquence
nocive du capitalisme du XXIème siècle.