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maQiavel maQiavel 19 février 2020 12:48

Comme cela était à prévoir ( sauf par une portion de la sphère pseudo-dissente qui croyait dur comme fer à une alliance structurelle sur le long terme entre la Turquie et la Russie alors qu’elle n’était que conjoncturelle et de court terme) , le torchon brule entre Moscou et Ankara dans le règlement de la question d’Idlib.

Et c’était facile à prévoir car les finalités des parties en présence divergent : 

-Damas n’a jamais fait mystère de son objectif de reconquérir chaque parcelle du territoire syrien

-Ankara a dû renoncer à son objectif de renversement du régime bassiste pour le substituer par un régime sous la coupe des frères musulmans qui lui serait vassalisé mais meme si Erdogan a dû revoir ses ambitions à la baisse, il n’a pas renoncé à l’idée d’installer ses pions islamistes au sein d’un gouvernement d’union nationale syrien. Mais pour atteindre cet objectif, il faut peser dans les négociations et pour peser dans les négociations, il faut un rapport de force militaire favorable, précisément ce que Damas est entrain de renverser sur le terrain à Idlib, ce qui a forcé la Turquie à intervenir directement en concentrant ses troupes et en exigeant le retrait de celles de Damas.

-Encore une fois, la Russie reste maitresse du jeu mais est dans une situation fragile : si elle soutient Damas, elle ne peut pas se permettre de s’aliéner Ankara car cela attiserait ce conflit dont elle veut sortir. Tout va maintenant dépendre des capacités de médiation de Moscou qui devra faire assoir Damas et Ankara sur une meme table et parvenir à un consensus. Mais ça, ce n’est pas gagné, d’autant plus que les puissances occidentales vont maintenant profiter de la fragilité de l’alliance turquo-russe pour attiser les dissensions. 

Erdogan essaie maintenant de s’appuyer sur les puissances occidentales pour tordre le bras à Poutine mais c’est un jeu très dangereux car Moscou pourrait à son tour, de concert avec Damas, jouer la carte Kurde contre la Turquie pour tordre le bras à Erdogan.

A terme, Poutine pourrait proposer à Erdogan un échange de bon procédé du style " Ecoute mon poto, nous on est prêt à lâcher totalement les Kurdes et meme à détruire complètement leur appareil politico-militaire.  Tu vois, on fera le sale boulot à ta place, tu ne perdras pas un seul homme et tu n’auras pas à t’inquiéter des menaces de sanctions venant des occidentaux. Mais en échange, tu dégages tes troupes d’Idlib et tu nous laisse exploser tes marionnettes islamistes à la moyenâgeuse dans le plus grand des calmes. T’inquiète, pour les déplacés, tu n’auras qu’à fermer ta frontière et une fois la reconquête terminée, tu pourras déverser dans la zone les réfugiés syriens présent en Turquie. Tu pourras toujours présenter la fin de la menace kurde sur ton flanc sud à ton opinion publique échaudé par la crise économique comme une grande victoire de la Turquie. T’as vu ? C’est à prendre ou à laisser, frère". smiley




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