@guepe
Je ne sais pas
ce que tu entends par « lâcher un peu Bachar ».
-Si par-là,
tu veux dire admettre le renversement de Bachar, non, cela n’arrivera pas. Pour
la simple raison que les Russes ne sont pas intervenus seulement pour conserver
un accès sur la Méditerranée orientale via leur base navale de Tartous, il y’a
aussi, et c’est une raison dont on parle peu, une question de sécurité
nationale : le véritable adversaire de la Russie, les Etats unis, en cas d’effondrement
du régime, pourrait se servir d’une Syrie éclatée en micro-Etats islamistes
calquée sur le modèle libyen, pour ouvrir un front dans le Caucase en y implantant
des combattants islamistes, et ce n’est pas ce qui aurait manqué car un certain
nombre de Caucasien occupaient des postes de direction dans les groupes jihadistes.
La situation est déjà très tendue dans le Caucase, ce sont des territoires
en profonde crise sociale et économique, l’infrastructure est pratiquement
détruite par les précédentes guerres et l’indignation face aux crimes de guerre
commis par l’armée russe continuent d’alimenter le soutien pour les
islamistes. C’est une poudrière que les américains pourraient enflammer
pour déstabiliser la Russie qui connait déjà une crise économique. C’est
pourquoi le principal objectif de la guerre de la Russie a été le maintient de
l’appareil d’Etat syrien pour empêcher la réalisation ce scénario. Et le fait
est que c’est le régime baasiste, et par conséquent la famille Assad, qui incarne
cet appareil d’Etat. Et au-delà de ça, la Russie en soutenant Bachar apparait
aux yeux des dirigeants mondiaux un allié fiable qui n’abandonne pas ses alliés
et ça c’est un facteur de puissance non négligeable. Les commentateurs et diplomates
occidentaux qui fantasmaient l’abandon de Bachar par la Russie n’ont rien compris.
-Si par-là,
tu veux dire, contraindre Barchar à négocier, oui, et la Russie l’a fait à plusieurs
reprises. Moscou et Damas n’ont pas exactement les mêmes objectifs : les
dirigeants russes cherchent à gagner la paix pour se casser de là ( ils ont une peur
bleue de se retrouver dans la meme situation qu’en Afghanistan dans les années
80 ) et cela passe nécessairement par des négociations et des concessions. Les dirigeants
syriens veulent avant tout gagner la guerre pour rétablir la souveraineté de l’Etat
syrien sur l’ensemble du territoire et cela passe par la reconquête militaire. Donc,
de temps en temps, Moscou est obligé de tordre le bras de son protégé pour
tempérer son intransigeance et son désir de faire la guerre. Il est clair que les
russes chercheront à négocier la question des frontières avec la Turquie,
quitte à obliger Damas à s’entendre avec Ankara. Mais Idlib, c’est autre chose, c’est un foyer que les Russes veulent aussi "nettoyer".