-Pour
les antifascistes, le fascisme n’est pas seulement le régime politique qui était
historiquement en place en Italie de 1922 à 1945, ce n’est pas non plus
uniquement une catégorie politique ou un projet politique spécifique, c’est pour eux plus ou moins un mouvement de la société ou plus
précisément processus social. La fascisation n’est pas binaire, ce ne
pas tout ou rien ( soit une société est fasciste, soit-elle ne l’est pas ), c’est
un processus graduel qui progresse par palier et qui a des applications locales
qui sont flexibles et spécifiques à l’extrême diversité des situations nationales.
De leur perspective, le fascisme ne devient possible comme régime politique qu’au
terme de ce processus de fascisation : c’est seulement lorsque la
dynamique fasciste a fini d’ imprégner l’ensemble du champ social et d’affecter
les subjectivités, qu’elle s’intègre à la mécanique de l’État et prend totalement
possession du politique. En d’autres termes, le fascisme est déjà là en
pointillés, à travers le processus de fascisation qui peut prendre de nombreux
avatars en fonction du contexte. Et l’objectif des antifas est de s’y opposer
par tous les moyens nécessaires.
Je
retrouve à quelques détails près la meme conception chez les anti-islam avec le
processus d’islamisation qui est un continiuum qui va du musulman non
pratiquant au jihadiste. Et au terme du processus d’islamisation, on retrouve
une société intégralement régie par la loi islamique. Et en ce sens, dans leur imaginaire,
la quantité d’extrémistes ou leur influence sur les autres musulmans n’a que
peu d’intérêt puisque c’est une dynamique qui doit de toute façon aller vers le
règne de la Charia parce que c’est son essence. De cette perspective, l’islamisme
comme catégorie politique n’a plus vraiment de sens puisque le musulman modéré
est un islamiste « en puissance » ( dans le sens philosophique de l’expression,
c’est-à-dire ce qu’il n’est pas encore réalisé mais qu’il a la faculté d’être changé).
C’est ainsi que l’anti-islam
qui s’oppose à ce processus va traquer des signes d’islamisation pour s’y opposer
( par exemple, une femme qui met un voile en est un, et ce, indépendamment de
ses opinions personnelles, des raisons pour lesquelles elle porte ce voile ou
de ses pratiques sociales). De la meme manière que l’antifasciste va traquer des
signes constitutifs du processus de fascisation ( par exemple dans les discours).
Dans
les deux cas, une fois que le processus est entamé, il est condamné à arriver à
son terme sauf opposition farouche.