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Norman Bates Norman Bates 8 mars 2020 12:30

@Conférençovore

Cher monsieur Tuperds,
Soyez infiniment remercié pour ce poignant témoignage qui eut pour effet inattendu un insondable séisme mémoriel en moi avec éclatement comme une bulle de savon de la soupape de sécurité de l’amnésie traumatique qui recouvrait d’une salutaire chape de plomb quelque souvenir traumatisant...
Je revois l’écolier modèle que j’étais...je me distinguais par un talent inné à la flûte...flûte à pan, flûte à bec, je ne sais...cette disposition m’amenât à passer des vacances estivales en pension au sein d’un prestigieux orchestre...
"La musique de chambre aère l’esprit" m’encourageait ma mère...
La réalité fut un tantinet plus glauque...le tyrannique chef d’orchestre était un mélange entre le Stanislas Lefort de "la grande vadrouille" et un transfuge de la Mengele academy...
"Aimez-vous Brahms ?" demandait-il, l’œil du chasseur cruel aux aguets...celui, espiègle ou ignare, qui s’aventurait à faire référence au brame du cerf finissait avec l’arcade explosée par un coup de baguette vengeur...
J’aimerais tant que ces lugubres réminiscences s’arrêtassent là, hélas il y eut d’autres épisodes à peine avouables...des sévices disproportionnés pour un ut raté, une quinte de toux, un raclement de gorge inopportun...l’éternuement intempestif c’était direct le solisticide avec à la clef en ignominie majeure des expérimentations auxquelles j’apportas mon innocente et candide collaboration...
Le kappelmeister s’ingéniait à recycler les dépouilles de ses victimes en cobayes pour la conception de nouveaux instruments à vent...avec des aspirateurs, des machines à air comprimé, des ventilateurs, de l’hélium, du propane...il s’extasiait à la découvert d’une nouvelle sonorité en raie majeure, d’une vibration intestinale ou du tremblement d’une glotte qui feraient de lui l’égal d’un Stradivarius en musicales épousailles avec un Amadeus...c’était selon lui la traduction de la musique qui est un souffle qui vient de l’intérieur...
Je me souviens de ce loisir scabreux que je partageais avec mes camarades, ce concours de fléchettes pour décrocher le cadavre d’un violoncelliste scotché de longues journées au plafond de la salle de concert et dont les derniers souffles furtifs et répétitifs eurent le tort de perturber la concentration du kappelmeister...
J’ai participé à ces horreurs indicibles...celui qui n’a jamais transformé des boyaux en vibrato ne peut pas comprendre...
Mon appétence pour la taxidermie n’est pas le fruit du hasard...tout comme le sourd ressentiment nourri à l’encontre de mon indigne mère qui m’ouvrât en grand les portes de cette parenthèse cauchemardesque...
Tout s’explique dans la vie... 




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