Un aspect
qui est très peu abordé. Le personnel médical est en première ligne et mérite
incontestablement les honneurs. Mais on parle très peu des salariés précaires
de la grande distribution et du transport qui font le travail ingrat et qui sont
aujourd’hui indispensables au fonctionnement de la société.
Pour le
moment les grandes surfaces parviennent encore à alimenter la population mais
les chauffeurs routiers n’en peuvent déjà plus, ils bossent comme des dingues, que
se passera-t-il lorsqu’épuisés ou infectés, ils ne pourront plus travailler ?
Qui va remplir les magasins sachant qu’un tiers des camions transportent de
l’alimentaire ? Et on ose traiter comme des intouchables ces salariés qui occupent
un rouage essentiel à l’approvisionnement ? Et là je ne parle pas seulement du
gouvernement ou de leurs employeurs mais aussi de leurs clients qui les
traitent avec mépris. Les restaurants routiers étant fermés, leur condition de
travail se sont considérablement dégradés puisque les clients leur refusent
l’accès aux WC, aux douches, par crainte de leurs éventuels microbes ( mais pour
prendre leur marchandise, ils sont là bien sûr ). Les chauffeurs routiers n’en
peuvent déjà plus et commencent déjà pour certains à parler de leur droit de
retrait.
Quid des
braves caissières ? Bien souvent elles
n’ont pas de masques, croisent des centaines, voire des milliers de personnes
chaque jour, manipulent des produits saisis par des centaines de clients qui
sont loin d’être tous civilisés, sans avoir le temps de se laver les mains
régulièrement et lorsqu’ elles utilisent du gel hydroalcoolique, c’est à leur
propre frais, sinon leurs employeurs ne leur en fournissent pas ( alors qu’ils
ont été reçus à l’Elysée qui leur a promis des aides). Elles sont fatiguées et
stressées, elles aussi elles n’en peuvent plus et commencent aussi à évoquer
leur droit de retrait. Quand est ce que la présidence recevra les syndicats des
travailleurs du secteur de la distribution alimentaire ?
Avec le
confinement, les commandes ont même explosé, ce qui peut se comprendre mais
quel est l’intérêt de commander des jouets, des tablettes numériques et autres objets
non indispensable à la survie qui ne font que surcharger les chauffeurs
routiers ? Là aussi les citoyens ne prennent pas leur responsabilité. Pourquoi,
alors qu’on n’est même pas encore dans l’œil du cyclone de la crise, l’Etat ne réorganise
pas les lignes logistiques pour qu’elles n’arrivent pas trop rapidement à leur
point de rupture, en faisant en sorte par exemple que les chauffeurs ne
transportent que des biens de première nécessité ? Pourquoi ne donne-t-on pas une dérogation pour
les restaurants routiers, avec un service de décontamination, pour que les
chauffeurs puissent avoir un quotidien décent. L’employeur a une responsabilité en matière de santé physique et mentale de ses salariés, alors pourquoi
ceux de la grande distribution, alors qu’on leur a promit des aides
financières, n’augmentent-ils pas les salaires de leurs employés ?
Pourquoi ne fournissent-ils pas d’équipement de protection aux caissières ? Ne
serait ce que des gants et des solutions de gel hydroalcoolique puisqu’il y’a une pénurie de masques sont introuvables ? Pourquoi le gouvernement ne les évoque même
pas ?
Ces salariés
précaires des classes populaires font des métiers ingrats et dévalorisés, que
cette crise nous mette bien dans le crane que leur profession est bien plus
indispensable que celles des cadres du tertiaire qui font du télétravail en sécurité
à domicile en ce moment.