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Joe Chip Joe Chip 21 mars 2020 11:51

@Laconicus

Bon ok gaspard, j’ai critiqué Asselineau sur un post il y 10 jours, t’es pas content, c’est noté, tu peux passer à autre chose maintenant.

Méfions-nous des scénarios type "tout va changer".

1) Tu remarqueras l’utilisation du verbe "imaginer" et du conditionnel dans ma phrase. Ma remarque valait évidemment pour les gens qui pensent spontanément que ce type de crise est de nature à déboucher sur une remise en question de la société capitaliste (je ne dis pas que c’est le cas de MaQiavel) et à permettre d’aller vers une société plus égalitaire ou démocratique. Je ne le crois pas du tout. Les instances qui encadrent la mondialisation (OMC, FMI, UE, etc.) seront toujours là après la crise, et le coeur de leur idéologie n’aura pas changé. J’adhère pour ma part à l’idée que la superstructure commande l’infrastructure. Le fait que les gouvernants soient déjà en train de distribuer des milliards aux entreprises au prétexte de la sauvegarde de l’emploi me fait penser qu’on aura le même scénario qu’après la crise de 2008. Pour qu’un changement systémique se produise, il faudrait par définition laisser la chance au système en place de disparaître. Or, tant que les gens se raccrocheront à cette obsession de la sauvegarde de l’emploi salarié, à tout prix, et dans n’importe quelle condition, cela n’a aucune chance de se produire. Les patrons et les investisseurs l’ont bien compris, il leur suffit de tendre leur sébile à chaque crise et les milliards de l’Etat néolibéral clientélisé pleuvent. La suite est déjà prévisible : ceux-là même qui auront été renfloués par l’argent public exigeront ensuite des coupes dans les budgets sociaux, des baisses d’impôt massives et des réformes d’inspiration monétaristes, en expliquant que c’est le seul moyen de sauver des millions d’emplois ("il n’y a pas d’alternative") et les politiques embrayeront avec le soutien des classes moyennes. Les politiques pourraient aussi proposer aux populations un marchandage sur la question de l’hôpital publique, en expliquant que le seul moyen de financer la médecine publique est de ponctionner les autres budgets sociaux. Et pour calmer les "petits blancs" réduits au chômage on fera des concessions sur la question migratoire. 
Je pense donc qu’on a plus de chances à assister à un raidissement (ou une radicalisation pour utiliser un mot à la mode) de l’Etat néolibéral dans le cadre de la mondialisation existante qu’à une remise en question du modèle. 
2) Le scénario chinois n’est pas du tout basé sur l’idée que "tout va changer" mais que la crise va accélérer la transition asiatique du capitalisme et l’isolationnisme américain. Ce n’est pas du tout une idée personnelle, hier encore j’entendais un chercheur expliquer que cette crise sanitaire était en train de montrer que le capital scientifique était passé en Asie. Il n’est donc pas irréaliste d’en conclure que le capital technologique suivra (c’est déjà en partie vrai) quand on voit la manière dont un pays comme la Corée gère cette crise. La France et l’Italie gèrent en fait l’épidémie en appliquant les méthodes de lutte épidémiques du XIXème siècle alors que les pays asiatiques appliquent les méthodes du XXIème siècle. Les scientifiques chinois arrivés en Italie ne se gênent même plus pour critiquer la politique sanitaire des pays européens alors même que l’épidémie est liée à la base à l’incurie du gouvernement chinois. Bref, tout cela traduit une évolution des rapports de force au niveau mondial.




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