Très bonne
synthèse.
Pour aller au-delà de la chronologie des faits, tout cela
découle aussi d’un système de représentation particulier, celui des
néolibéraux. Cette « optimisation » est directement liée à l’impératif
darwinien d’adaptation aux flux de la mondialisation : moins il y a de
lits de matériels, de médicaments, de personnels, plus il y a d’agilité, d’innovation
de dépassement et cela est considéré comme moteur de progrès. Et ce n’est pas
valable que pour l’hôpital public, il y’a beaucoup de secteurs qui ont connu le
même démantèlement. Cette pression du flux conduit à installer la pénurie partout,
ce qui est très difficile à comprendre de prime abord puisque nous ne sommes
pas dans un pays pauvre normalement, et cela nourrit des croyances paranoïaques
en un grand complot qui partent de la pétition de principe que la carence est sciemment organisée.
Mais c’est la gouvernance néolibérale qui est en cause.
Un exemple
dans un autre secteur qui illustre cette logique : en ce moment, en pleine
crise sanitaire, la
France brade littéralement son blé sur les marchés à l’export. Au mois de
mars mois de mars 2020, les exportations de blé français avaient atteint un
niveau record. Donc, en plein milieu d’une pandémie, alors que le risque de
pénurie sur des aliments de première nécessité est non négligeable, nos
gouvernants dilapident les maigres stocks de blés, pendant que des Etats comme
la Chine ou la Russie sont au contraire entrain de reconstruire des stocks
stratégiques dans l’objectif d’augmenter leur sécurité alimentaire. Cela peut n’avoir
aucune conséquence et là on sera tous content. Mais si jamais la crise s’exacerbe
et fait imploser cette gestion à flux tendu, la pénurie alimentaire va faire
très mal et là, les paranos du grand complot vont sortir du bois pour expliquer
qu’elle était programmée alors qu’en fait, dans l’imaginaire de nos
gouvernants, l’idée de stockage stratégique est débile, le dieu marché est là pour satisfaire la demande, donc pour eux l’important
n’est pas le stock mais l’explosion des mobilités, l’accélération des rythmes,
l’adaptation aux flux de la mondialisation, bref l’important est dans le progrès.
Les gens qui
expliquent que le peuple est trop con pour pouvoir se gouverner devraient revoir
leur copie, cette crise met bien en exergue le manque de clairvoyance de nos
technocrates qui prennent des décisions de plus en plus débiles qui vont
souvent à l’encontre du simple bon sens populaire. La politique est une chose
trop importante pour être laissée à quelques experts.