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maQiavel maQiavel 26 avril 2020 19:01

@micnet

Réponse en trois temps :

- Concernant le fait que le système technicien génère des experts à qu’il se compartimente et se complexifie, oui c’est tout à fait juste et c’est un effet structurel tout à fait logique. Une fois qu’on a dit ça, il faut faire la part des choses sinon on sombre dans une confusion qui est savamment entretenue par les personnes qui ont un cadre de pensée industrialiste.

Tous les choix ne sont pas des choix d’expertise ! Cette petite phrase permet à elle seule d’échapper au cadre de pensée industrialiste et de délégitimer l’idée du gouvernement des experts. Et précisément les plus grands choix politique échappent à l’expertise. Par plus grands choix politique j’entends celles qui concernent la construction collective du sens et de l’orientation que l’on veut donner à sa nation, cela ne peut être que le fait d’une entité politique qui définit une fin commune qui sera considérée comme un bien et poursuivie en tant que telle par la communauté de destin. Cette entité politique, ça peut être une oligarchie ( comme c’est généralement le cas) mais ça peut être aussi l’ensemble du corps politique. Dans tous les cas, ces grands choix échappent à l’expertise, ils relèvent de la conception de la justice et des intuitions morales consubstantiels à l’intersubjectivité du collectif et à l’évolution des valeurs qui l’animent. L’expert est au service du politique, son rôle est de poursuivre cette fin commune (sur laquelle il n’a pas de mot à dire en tant qu’expert) en étant aussi efficace que possible ( ça veut dire par exemple en ne gaspillant pas les ressources). Et ce principe fonctionne indépendamment de la complexité technique d’une société. Toute l’arnaque de la fiction industrialiste consiste à faire croire que ce choix de la finalité et de l’orientation de la société n’existe pas, ce qui permet aux oligarques d’imposer leur propre finalité et d’orienter la société selon leurs propres aspirations tout en prétendant qu’il n’existe pas d’autres choix possible, et ainsi l’enjeu devient de se focaliser sur la complexification technique de la société et d’imposer des solutions techniques pour parvenir à la destination qu’ils se sont eux-mêmes fixés sans que les peuples n’aient leur mot à dire. Re-hierarchiser le politique et l’expertise est le vaccin qui permet de vaincre ce virus de l’industrialisme qui est instrumentalisé par les oligarchies pour délégitimer habillement l’idée même de souveraineté populaire.

-Sur le fait que les citoyens ne se sentent pas concernés, vous avez raison, c’est même le point clé. Lorsqu’un peuple considère que se préoccuper de la cité est une corvée épuisante et préfère en confier la gestion à des professionnels pour ne pas se prendre la tête ( ce qui est l’antithèse de la citoyenneté ), il ne faut pas à s’attendre à ce que ce peuple soit traité par ces mêmes professionnels comme des enfants n’ayant pas leur mot à dire, il n’y a pas de miracle là, c’est prévisible et un tel peuple ne peut que s’en prendre qu’à lui-même. Cependant, il faut aussi rajouter que se manque d’implication n’est pas une situation de nature qui est éternelle, c’est une question de culture politique et ça peut changer en fonction des nécessités et des circonstances.

-Concernant le confinement, je fais partie de ceux qui l’approuvent (ce qui ne m’empêche pas d’être extrêmement critique vis-à-vis de la gestion gouvernementale). Je ne vais pas détailler les raisons qui m’amènent à l’approuver puisque ce n’est pas le fond de votre propos qui concerne avant tout l’absence de débat à ce sujet et non la stratégie de confinement en elle-même.

Je suis en faveur d’une plus grande participation des citoyens dans les processus décisionnels, donc je devrais en principe être d’accord avec vous sur l’opportunité de débattre de la stratégie à adapter. Mais il y’a quelque chose à prendre en compte, et c’est que le temps de la crise n’est pas un temps démocratique, c’est le temps de la dictature ( dans le sens romain du terme). Face à une menace exceptionnelle, les procédures délibératives sont néfastes du fait de leur lenteur, il faut au contraire une concentration des pouvoirs de délibération et d’exécution en un petit nombre d’individu et au mieux en une seule personne qui agira le plus rapidement et le plus efficacement possible. Lorsqu’un Etat se retrouve par exemple envahit par surprise par une puissance étrangère, une délibération et une prise de décision démocratique sur la stratégie à adopter relèverait du suicide, il faut un chef qui décide et commande pour faire rapidement face au péril. Malheureusement, on ne répond pas à des maux extraordinaires avec des remèdes ordinaires, et la dictature s’est pour cela illustrée traditionnellement comme le recours républicain par excellence pour faire face à une menace exceptionnelle. Mais il lui faut des garanties constitutionnelles de taille sinon on bascule sur une abolition définitive des droits individuels et à ce titre note régime a de si grandes insuffisances et angles morts que je partage totalement votre inquiétude pour nos libertés formelles.




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